On est vendredi, le soleil n'est pas encore totalement levé, alors que moi le suis depuis longtemps. Aujourd'hui je me suis levé plus tôt que d'habitude pour pouvoir m'entraîner dans le silence dans le centre d'entraînement. J'ai beau être réputé pour être un grand maître des armes, je suis loin d'être le plus fort de ce monde.

J'ai connu un homme qui pouvait se battre sans avoir besoin d'utiliser ses yeux. Il pouvait savoir le moindre de vos fais et gestes rien que par le son que vous fessiez. L'air qui vibrait venait lui chatouiller les oreilles et lui indiquer où vous étiez. Il entendait le bruit de vos vêtements qui se frottaient, le souffle de votre respiration la plus faible, et même le battement de votre coeur, pouvant ainsi savoir si vous étiez fatigué, stresser ou même si vous mentiez. Je ne me rappelle plus de nombre de fois où il m'a corrigé, car j'osais lui mentir, il disait qu'il entendait mon coeur qui accélérait et donc que je ne pourrais jamais le tromper.

C'est pour devenir aussi fort que lui que je suis venu au centre d'entraînement ce jour-ci. Je suis seul, seul la femme de ménage est présente. Elle semble un peu énerver et parle toute seule. De naissance j'ai une ouïe développée, mais elle me sert juste entendre des conversations au-loin. Assez pensé, il me faut m'entraîner. Je me dirige vers les vestiaires, met un kimono et reviens dans la salle.

Je m'assoie sur un tapis, les jambes en tailleur. Je ferme les yeux et commence à écouter tout ce qui m'entoure, aucun bruit à par celui du balais frottant sur le sol. Je me concentre et écoute plus attentivement, je perçois un bruit sourd venant de la porte. C'est le bruit d'une personne marchant avec des sandales en bois. La porte s'ouvre et une femme entre. J'ouvre l'espace d'un instant les yeux pour voir qui vient d'arriver, il semble que c'est Aiko, la femme qui s'occupe du centre d'entraînement.

Je me dirige vers elle et commence à lui parler. Comme à son habitude elle se moque de moi lorsque je lui demande un peu d'aide pour mon entraînement mais fini par accepter.

Le principe est simple, je lui explique que son boulot est juste de m'envoyer ses aiguilles sur moi, avec l'intention de me toucher. Quant à moi, j'ai les yeux bandés et n'ai que mes oreilles pour esquiver les attaques. Je dois réussir à me concentrer assez pour entendre les aiguilles fendre l'air et les esquiver.

On se met tout deux en place et la séance commence. Je me concentre sur ma respiration et me détend. Je respire et expire lentement. Je sens une aiguille traverser mon épaule. Je n'ai vraiment rien entendu, aucun son n'est parvenu à mes oreilles. Je me remets en place et me concentre à nouveau.

Après plusieurs dizaines de lancés, et alors que mon corps se fait transpercer de par et d'autre, à l'aiguille suivante, j'entends un léger sifflement dans mes oreilles, alors je pivote légèrement sur ma droite. Je sens l'aiguille érafler mon bras gauche. Je souris légèrement, content d'avoir pu esquiver un peu celle-ci.

On continu alors l'entraînement sans relâche. C'est après quatre heures intensives, que je parviens à esquiver aiguille sur aiguille, j'entends le vent se déchirer et me prévenir qu'une aiguille arrive, je n'ai plus qu'à bouger légèrement pour les esquiver. Me voilà ravie. Cet entraînement m'aura bien servi.

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