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 L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda]

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MessageSujet: Re: L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda]   L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda] - Page 2 EmptyVen 12 Juil - 21:45

- "Pas d'armes. Ou des morceaux de ce que tu trouveras par terre. Mais je ne pense pas t'apprendre comment te battre dans un bar..."

"Pas besoin de le préciser, je n'allais pas faire un carnage pour un crétin ivre ... Lui coupe le membre viril pour le donner aux chévres, ça par contre ..."

Faire pivoter la jambe forte d'un quart de tour sur la droite. Fléchir légèrement l'autre genoux. Puis descendre le bassin, placer ses bras en position d'attaque et serrer le pommeau de l'épée. Suffisamment fort pour ne pas être désarmé au premier choc, avec suffisamment de souplesse pour ne pas avoir se mouvoir d'une manière trop rigide. Fléchir les genoux, pour pouvoir encaisser n'importe quel choc sans être envoyé à terre. Et patienter. Toujours garder l'initiative sans jamais donner le premier coup. Patienter. Parer, coups après coup. Parer jusqu'à ce que l'ennemi face une erreur. Et puis frapper. Pas un coup décisif, non. D'abord donner à l'adversaire le gout de votre force. Qu'il sente à qui il a à faire. Pour cinquante de ses coups ratés, un seul des vôtres, placé intentionnellement non vital. Mais ne jamais rien dire. Toujours laisser la chance à son adversaire de comprendre son infériorité et d'abandonner. Toujours le laisser prendre conscience de ses faiblesses. Toujours le laisser partir, si il le souhaite. Mais en aucun, il ne faut l'épargner si il ne s'avoue pas vaincu. Une mort aussi rapide que possible, pour ne pas laisser d'espoir de victoire, ou sinon de vengeance. Ne jamais le laisser vivre une fois la bataille gagner. Pour certains, la mort est préférable au sentiment d'infériorité amené par cette confrontation soudaine à sa propre faiblesse.

Là, évidemment, il s'agissait d'une bagarre de bar. Il n'y aurait pas de mort. Pas à cause de la bagarre en tout cas. Libre à n'importe qui d'aller faire un coma éthylique où bon lui semblerait après ça. Pour ma part, je récupérais de quoi faire sur le cadavre d'une table, après que celle-ci se soit brisé en me servant à la fois de bouclier et de concasseur, m'ayant permis d'écraser quelques bagarreurs potentiels contre les murs des suite à une charge plutôt costaude.

Un pied de table. Une massue. Tout ce qu'il me fallait. Ayant observé chacun des mouvements que j'avais pu apprendre pour me défendre seul contre plusieurs adversaires, je couchais un à un mes opposant, leur donnant en guise d'estocade finale un grand coup de crosse sur la tête, qui suffisait à les mettre généralement hors service d'un seul coup, sans qu'il ne vienne en redemander. Même si certains nécessairement bien deux coups de crosse sur la tête. Malheureusement, le bois n'est pas aussi solide que l'acier, et à force de taper sur des costauds, il se fissure. Rapidement désarmé, je me retrouvais donc contraint d'étaler un à un mes opposants à grand coups de baffes. Ma technique aux poings n'était malencontreusement pas aussi efficace qu'avec quelque chose entre les mains, et bien souvent, je me prenais plus de coups que je pu en donner.

Je finissais la soirée dehors, adossé contre le mur de l'auberge, visqueux, empestant le poisson, et observant les étoiles. J'avais fini là après avoir étalé à grands coups de gnons un gros rouquins moustachu à couettes, juste avant qu'un de ses copains me saute par derrière par la tignasse pour me cogner la tête à grands coups de comptoir. Sonné, j'avais rampé vers la sortie, piétiné par la mêlée et demandant un temps mort à l'arbitre. Finalement, on me balança en dehors à coups de pieds. Dard dard, je me préparais à y retourner, le temps d'un grand bol d'air frais, de laisser repousser les quelques dents que j'avais perdu dans la bataille - ces trucs sont une PLAIE lorsqu'elles doivent repousser - et de reprendre un minimum mes esprits. Mais au final,  à attendre, j'en étais venu à m'asseoir un peu. Et à ne rien faire, j'en étais venu à regarder le ciel. Et toutes ces petites étoiles qui brillent me firent voyager dans mes souvenirs.

Un voyageur m'avait certifié un jour que les étoiles n'étaient rien d'autre qu'un milliard de milliards d’œufs de dragon prêt à éclore sous le regard bienveillant de leur mère, la lune, et qu'ils domineraient un jour tout les royaumes humains. Certains racontent qu'il s'agit du saint patron des mers et des voyageurs, les scientifiques disent que la lune est un astre formé de roche et gravitant autour de notre monde - ahah, qu'est-ce qu'ils vont pas inventer, ceux-là -  la plupart des religions se prêtent à dire que tout ces petits machins là-hauts représentent les âmes des défunts, le repaire des morts et les yeux de chers disparus, et que plus grosse est la lumière, plus la personne morte était bonne, la lune étant bien entendu la représentation astrale de leurs divers dieux.
Quand j'étais petit, mon père me racontait qu'un jour, le soleil avait eu un frère, et que ce frère, trop frêle pour affronter les forces démoniaques, se vit confié la tâche de protéger les hommes seulement le temps que son puissant grand frère doive se reposer. Les millions de petites lumières scintillante dans le ciel tout autour représentaient les âmes de tout les chevaliers l'assistant dans cette terrible mission et que si, un jour, je me montrais assez brave, je monterais là-haut, afin d'assister le puissant soleil et son frère la lune dans leur croisade éternelle.

Le temps des rêvasseries s'évanoui en même temps que le mec qui s'écrasa devant moi, lancé à travers l'une des fenêtres. Hmm. Melinda se trouvait encore là dedans. Il était peut être temps de voir où elle en était. Je ne m'inquiétais pas vraiment pour elle, avec ce qu'elle m'avait raconté jusque là, je la savais pleine de ressources. En l’occurrence, c'était pour les usagers de ce rade, voir carrément pour la structure entière, que je m'inquiétais. Du peu que j'avais pu voir des talents de la demoiselle une fois qu'elle s'était mise en action, elle risquait de faire de sacré dégâts. Et puis, j'avais encore une sacré soif. L'envie de me battre était passé, la fatigue accumulée ces derniers jours commençait à se faire ressentir et tout ce qui me faisait envie là tout de suite, c'était un verre. De l'eau, de l'alcool, même un jus d'orange allait faire l'affaire.

J'entrais donc, et devant l'amusante foire devant laquelle le barman semblait s'être dérobé, j'attrapais une bouteille au hasard derrière le comptoir et m'en servait une bouteille. Observant la belle se démener au milieu de la mêlée - qui comptait de moins en moins de challenger - je levais mon verre dans sa direction et lui portait silencieusement un toast. Encourager Melinda d'un coin de comptoir, c'était bien aussi, après tout.
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MessageSujet: Re: L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda]   L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda] - Page 2 EmptySam 13 Juil - 11:05

"Pas besoin de le préciser, je n'allais pas faire un carnage pour un crétin ivre ... Lui coupe le membre viril pour le donner aux chèvres, ça par contre ..."

Je fis un grand sourire en direction de mon ami. Nous ne couperions rien du tout à qui que ce soit ce soir, mais nous allions offrir quelques dents et quelques fractures ont qui de droit. Ma chope a la main, je bus une longue gorgée. Moi vivante, l'alcool contenu dans mon verre ne serait pas gâché. D'ailleurs, si mort je pouvais aller dans le paradis de la luxure -le dieu des loups me le permettrait surement- je pourrais certainement mourir heureuse. Mais pas ce soir. Je fracassais ma choppe désormais vide sur le crane d'un de mes adversaires, le poussais du bout du pied pour qu'il s'éloigne, puis je me mis en garde.

Appuis au sol ferme, base large et décalée, les genoux légèrement fléchis afin de recevoir les coups sans se casser net, le bassin verrouillé dans la continuité des jambes, avec une légère rétroversion vers l'avant, le bras gauche plié le long de mes côtes, ma main protégeant mon visage, le pied de chaise, mon arme de prédilection dans les rixes de bar, était maintenu sur mon épaule droite. Une garde militaire utilisée pour faire face à une menace sans avoir à attaquer. La main réactive, non porteuse de l'arme, permet de repousser les ennemis à coup de poing ou de coude, les jambes sont toujours disponibles pour rester en mouvement ou balancer des coups pour garder la distance, et le pied de chaise permet de casser des bras ou des côtes si le danger est trop important. Le tout juste en se défendant sans jamais porter le premier coup.

Pendant le quart d'heure qui suivit, je me laissais joyeusement envahir par l'ambiance viciée de l'odeur de la sueur, de la bière rance et du sang. Je ne m'étais aperçu de la disparition d'Oscar qu'au moment ou il était revenu dans la rade, s'accoudant au comptoir pour trinquer à ma santé. Je lui répondit d'un hochement de tête pendant que mon poing s'abattait dans l'estomac d'un grand gaillard, qui manqua de me vomir dessus.  Mon pied de chaise étant brisé depuis belle lurette, je distribuais les gnons à qui en voulait. Il restait de moins en moins de monde au centre de la piste de mon jeu favori. Ce n'était pas très grave, je commençais à fatiguer, et la blessure à ma cuisse était en train de se rouvrir. Je passerais sur les multiples contusions au niveau de mes bras, résultants de coups bien placés de la part de mes adversaires ainsi que sur l'état de mes vêtements, presque aussi propres qu'après le combat contre la poule géante. Je me changerais plus tard. Il devait bien y avoir une baignoire quelque part dans ce patelin. Bah.

Je jouais encore un peu avec mes futures victimes, esquivant avec de plus en plus de mal leurs attaques, puis j'en eus marre. Je concentrais une partie de mon pouvoir au bout de mes doigts et sautaient dans la mêlée des quatre combattants restant, leur infligeant une monstrueuse envie de dormir, de vomir et de ne plus jamais boire de leurs vies. On pourrait penser que changer une partie de l'eau du corps de quelqu'un est compliqué, mais c'est quelque chose d'une simplicité enfantine. Le corps est constitué en majorité d'eaux -je tenais ça de mon maitre- il n'était donc pas difficile d'en trouver. Il suffisait ensuite de ne pas se planter dans la quantité sous peine de tuer votre victime. Globalement, je me démerdais pour faire dormir les gens deux bonnes heures. Les gaillards comme ceux qui se trouvaient en train de ronquer à mes pieds se lèveraient surement dans une demi-heure, tout au plus.  

Je rejoignis le chevalier au bar et récupérais une bouteille de liqueur de menthe que je débouchais d'un coup sec avant d'en boire une longue gorgée, puis je me tournais pour constater les dégâts. Pas trop mal, pour une reprise. Seule la moitié de l'établissement était ravagée. Quelques tables, une dizaine de chaises, certainement une cinquantaine de contenants divers et variés. Le reste était en bon état. Je déposais une petite bourse derrière le bar, histoire de rembourser une partie des dégâts, puis je versais le restant de liqueur au fond de mon gosier.

"Ça fait du bien. Bon, et si on y allait avant que quelqu'un ne se réveille pour constater que c'est de notre faute ? De la mienne surtout. Ça va pour toi ? On se retrouve au navire dans une heure ? J'ai a faire... Boitillante à cause de la douleur liée a ma cuisse, je me déplaçais jusqu'au centre du bar puis me retournais d'un bloc. Un jour, je danserais avec toi, homme de métal, et ce seras d'une tout autre façon, bien plus agréable. "

Partant sur un grand rire sadique comme je sais si bien les faire, les yeux pleins de malice, je sortis de l'échoppe pour prendre un peu l'air et rechercher une baignoire. Ma recherche se solda par un échec cuisant. Aucune baignoire nulle part dans cette bourgade. Ce soir, je me baignerais a l'eau de mer et me rincerais a l'eau douce. J’en avais quantité à disposition, vu que devant moi se trouvait un tonneau de vin. Le changer en eau serait une bonne idée. L'eau de mer me permettrait aussi de désinfecter un peu mieux la plaie à ma cuisse. Une fois totalement immergée dans l'eau glacée -non de dieu, un glaçon venait à ma rencontre !- je frottais abondamment mon corps avec du savon, puis mes cheveux blond, avant de sortir et de sauter directement dans un tonneau d'eau pure. Une fois mes ablutions terminées, je récupérais des vêtements propres et remisais les sales au fond de mon sac. Capuche rabattue, Oreilles de loups au vent, les cheveux encore légèrement humides, sentant bon et plus séduisante que jamais,  je rejoignis Oscar sur les quais avec un peu plus de cinq minutes d'avance.
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MessageSujet: Re: L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda]   L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda] - Page 2 EmptyLun 15 Juil - 18:35

"Ça fait du bien. Bon, et si on y allait avant que quelqu'un ne se réveille pour constater que c'est de notre faute ? De la mienne surtout. Ça va pour toi ? On se retrouve au navire dans une heure ? J'ai a faire ... Un jour, je danserais avec toi, homme de métal, et ce seras d'une tout autre façon, bien plus agréable. "

"Ahah, pourquoi pas après tout ? Tu aurais peut être plus de chance de tenir longtemps sur une piste qu'au cours d'une danse un peu plus musclée !"

Je m’accoudais au comptoir et regardait le déhanché de la chasseuse, alors qu'elle partait en riant. Une vision bien agréable, ma foi, qui s'éclipsa en même temps que son rire à sa sortie de l'établissement. Une heure à glander ... J'avais bien le temps de boire encore quelques petits verres. Les trucs qu'ils servaient dans ce bar avait l'air suffisamment costaud pour mettre à mal mon foie magique. Je terminais d'un trait le contenu de mon verre et en commandait un nouveau d'une nouvelle boisson un peu plus corsé. Une heure. Tout était chargé, je n'était pas trop sale. A la limite, j'irais bien me décrasser un peu, mais à par ça, pas grand chose de bien fascinant à faire.

Finalement, au détour de mon quatriéme verre, ce que j'avais dis plus tôt revint me tourner en tête. Une question qui se décomposa très vite en une multitude d'autres questions. Qu'est ce qu'elle pouvait bien valoir sur le champ de bataille, cette chasseuse de prime ? Je ne parle évidemment pas de ses talents guerriers, pour ça, j'avais eu l'occasion de la voir à l'action deux fois aujourd'hui, et je dois dire qu'elle était costaude. Non, ça, je me doutais bien de ce qu'elle savait faire. Ce qui m'intriguais, c'était de savoir ce qu'elle valait en duel, l'un face à l'autre. Que pouvait bien valoir son jeu de jambe ? Quand était-il de son maniement de l'épée, souple ou ferme ? Et son style, plutôt énergique et souple, harcelant son adversaire sans relâche jusqu'à ce qu'il soit fatigué ? Ou plutôt calme et tempéré, retenant ses coups dans l'attente que son adversaire laisse une ouverture pour tout donner ? Sa souplesse surpasserait-elle mon allonge, où finirais-je par triompher au bout d'une longue lutte ?

Mais soudain, la réalité de la proposition que j'avais d'accepté me revenais en pleine tronche. Danser. Moi. En vrai. Malgré tout mes efforts, je rendis les quelques gorgées que je venais de prendre par le nez, pris d'une hilarité soudaine à l'idée de m'imaginer sur une piste de danse. Melinda devait un peu trop m'extrapoler avec l'image du prince charmant multitâches qui peuplent les contes. Vous savez, ceux qui arrivent à occire dragons, sorcières et tout un tas d'autres obscurantistes le tout d'une main, sauvant la veuve, l'orphelin et une cagette de chaton de l'autre, faisant fi des difficultés physiques et morales, et qui trouve encore assez de temps après ça pour vous cueillir des fleurs et vous inviter à danser à un bal quelconque juste après. Le tout, et c'est ça le mieux, à titre gratuit, un sourire aux lèvres et sans défaire son brushing.
Je ne savais pas ce qui était le plus triste. Qu'on nous idéalise comme ça à chaque fois qu'on se dit chevalier, ou bien que quelque part, il y a des kikis qui font vraiment tout ça.

Vous savez, un chevalier, c'est un type comme les autres. Il rote, il pète, il se gratte les fesses et se cure le nez (parfois tout en même temps), tout pareil qu'un type normal. La seule différence avec un simple garde, c'est qu'il a été anobli pour une raison quelconque. Souvent des trucs très cons, d'ailleurs. Certains abattent des dragons, défont des bandes de pillards persécutant les habitants du royaume, mais pour être honnête, la plupart sont des "fils de", issu d'une famille noble et qui n'ont pour la plupart jamais tenu une épée de leur vie. Moi, on m'a adoubé le jour de mes dix-huit ans, mais pour quelle raison bien concrète, ça, je cherche encore.
Enfin, tout ça pour dire que niveau chevalier servant en armure rutilante, on est loin du stéréotype. A la guerre comme à la séduction, un chevalier, ça reste du bourrin. Là où les jouvencelles rêvent d'une rencontre fugace à la lumière de la lune comme dans les livres, baaaaah ... Y a bien souvent que des démonstrations de force. Un peu comme des coqs, ouais. L'endroit le plus flagrant pour observer ce genre de phénomène, c'est aux tournois. Là, niveau comparaison de celui qui à les plus gros muscles et qui c'est qui pisse le plus loin, c'est le top. Jusqu'ici, j'ai participé à quelques tournois, et c'est systématique : il suffit que vous rendiez bien dans votre armure, que vous vous dermerdiez suffisamment bien pour ne pas tomber de votre cheval et que vous "dédiez" votre victoire à quelques damoiselles du public, et je peux vous assurez qu'au soir, vous aurez une foule de supportrices devant votre porte.
Il suffit qu'avec ça, vous portiez le titre d'une maison qui ait un minimum le pied dans la noblesse. Et plus le titre sera haut, et plus ça montera en niveau. Vous pourriez être le plus beau des chevaliers, être un as à l'épée, avoir un cheval blanc et porter une armure d'argent, tout en ayant en sus une montagne d'or, sans titre de noblesse, même les filles des établissements de joie huppé de la capitale ne voudrais pas de vous dans leurs draps. C'est con, mais c'est comme ça. Tiens, par exemple, moi en ce qui me concerne, en temps que seul héritier des Domnhall, même répudié, si je m'amusais à kidnapper l’héritière la fille de n'importe quel autre maison noble, on enverrait à mes trousses un prêtre avec l'approbation du papa et de la maman plutôt qu'une bande de soldats.

Hmm. Je suis sur que si on me prenait à fricoter avec les filles du roi lui même, on n'y trouverait rien à redire. Tout ça parce que tout le royaume sait que mon paternel finira par me pardonner et me rendre mon statut d'héritier avant de passer l'arme à gauche. Plus par contrainte qu'autre chose, hein, ça ne tiendrais qu'à cette vieille bourrique, il ferait écrire un décret au roi lui même pour que je ne sois même plus chevalier. Non, sans moi, et un hypothétique mariage et héritier, les rennes des la maisons vont à un de mes crétins de cousins, et ça, même moi je sais pertinemment que ce n'est pas un bon plan. Après, resterais la solution de nommer une de mes sœurs héritière. Mais le château irait à quelqu'un d'autre. Et ça, le vieux grigou ne peux pas s'y résoudre. Je l'entend encore rabâcher : "Fort-les-Confins est notre maison depuis plus deux milliers d'années, et le sera bien encore après notre mort à tous".
J'aurais un frère - plus vieux ou plus jeune, ça on s'en fout - pour transmettre le lignage, tout irait bien dans le meilleur des mondes, le titre lui reviendrait, on me lâcherait la grappe et on me foutrait au placard, mais non. Encore la semaine dernière, des envoyés du paternel venait me les briser pour me supplier d'être raisonnable et de retourner au fort. Aux dernières nouvelles, plus de mariage à l'horizon, et le grand Lord Petyr Domnhall serait ouvert à la discussion. Mon œil. Si j'y retournais, je sais ce qui m'attendrais. Enfermé dans ma chambre, une sécurité renforcée jusqu'à ce qu'on décide de me faire épouser n'importe quelle noble greluche. Et je passerais le reste de ma vie entre quatre murs, a régler les problèmes de potagers des paysans, avec une bande de marmots à mes basques et une ribambelle de serviteurs qui m’appelleraient "messire" à chacun de mes vents.
Enfin. En leur honneur de tout ce beau petit monde, je buvais un dernier verre, et quittais le bar avant qu'on ne me demande de reproduire l'exploit de faire la fontaine d'alcool par le nez.

Il faisait légèrement frais dehors. Presque doux même. Nous étions toujours dans le nord, certes, mais là température était bien plus vivable qu'aux plus haut des Khandas. La douceur d'Enthopi soufflait jusqu'ici, portée par les vents marins, et portait même comme une odeur de violette printanière. Melinda devait être là, quelque part, à ... Euh, eh bien, à faire des trucs de chasseuse de prime, j'imagine. J'avais trouvé quoi faire, pour ma part. Je retournais sur le pont du bâteau. Celui-ci était presque désert, à l'exception de deux trois marins qui parlaient ensemble en regardant le grand large. Je les saluais, mais préférais les ignorer.

Porté par l'euphorie de l'alcool et par ce léger redoux des températures, je décidais de m'exercer un peu à reproduire les passes que j'avais appris un peu plus tôt dans la journée. Enfin, plus des gardes que des passes, en fait. Haute, parfaite, filante et caché, je crois. De ce qu'elle avait pu m'expliquer, la garde parfaite me conviendrait le mieux, puisque que j'utilisais l'épée et le bouclier. Elle nécessitait l'utilisation d'un bouclier très léger, conçu surtout pour dévier les coups que pour vraiment les parer, afin de pouvoir bouger rapidement. Pas vraiment ce que j'avais l'habitude d'utiliser au final, l'idée d'utiliser un matériel plus léger pour me battre ne me plaisait pas tellement. Pour ce qui était de la garde haute, j'était déjà un peu plus intrigué. Passer d'une station de face, protégeant 80% de son corps à l'aide d'un bouclier et bougeant lourdement dans le sens de l'adversaire pour le faire reculer à une station de profil, plus souple, plus légère et surtout plus vive, basée sur l'esquive et les parades, représentait une toute nouvelle façon de combattre. J'avais essayé d'apprendre, il y a longtemps, quand j'étais gamin. Je n'avais pas tout perdu, semblait-il. Les deux autres, je les avaient légèrement laissées tomber. La garde filante nécessitait des reflex et une souplesse bien au delà de ma portée, quand à la dernière, la cachée, bien que ne posant aucun problème physique, portait un soucis moral avec elle : pas vraiment loyal de se battre en cachant l'arme.

Je passais le reste du temps impartis à m’entraîner sur le pont du navire. Une lame en main, l'autre dans le dos, je m'étais vite dévoué à travailler uniquement la maîtrise du combat de profil. Le coup était dur à prendre, et il me faudrait certainement des cours un peu plus approfondis, mais au moins il me semblait que j'avais un bon jeu de jambes. Après, pour le mouvement des bras, je prenais ce qui me venais naturellement. J'avais trouvé une bonne balance en plaçant mon second bras dans mon dos. Mais peut-être que ça ne ressemblait à rien qu'à des gesticulations sans queue ni tête au final. J'avais quitté le haut de mes vêtements, suant à grosses gouttes face au moi imaginaire contre lequel je tachais de croiser le fer. Se représenter ses défauts pour pouvoir les corriger à travers un adversaire illusoire. Le meilleur moyen de s’entraîner, à ce qu'on disais. Les marins s'étaient retournés et me regardaient m'exercer, sans pour autant changer de sujet de discussion.

Et puis Melinda arriva au navire. Et je n'étais pas très présentable. Attrapant rapidement ma tunique, j'essuyais un peu la sueur de ma carcasse et me passait la tête dans un tonneau plein d'eau fixé sur le pont. Je l’accueillais d'une légère courbette, puis faisant un pas en arrière, je me retrouvais de profil, lame en avant.

"Il me semble que tu parlais de danser, tout à l'heure. Allez, montre moi comment tu valses !"
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MessageSujet: Re: L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda]   L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda] - Page 2 EmptyLun 15 Juil - 20:09

"Il me semble que tu parlais de danser, tout à l'heure. Allez, montre-moi comment tu valses !"

"Je pensais à quelque chose d'un peu plus plaisant. Ça se fait à deux, on transpire beaucoup et ça révèle beaucoup de choses sur l'autre. Mais ça se pratique allongé."

D'un geste lent, je retirais ma capuche, la pliais délicatement et la rangeais sur un tonneau non loin de nous. Je n'étais pas en tenue de combat. Les pièces métalliques qui protégeaient mes jambes et mes avant-bras avaient disparu dans le fond de ma besace pour réparation ultérieure et mes gantelets métalliques étaient dans un état proche de la destruction pure et simple. Ils avaient fondu, mais le cuir qui se trouvait sous les gants avait permis de ne pas me bruler. Pour finir, mon corset, habituellement rehaussé de métal, n'était ici qu'un simple morceau de tissus rouge et noir affinant sensiblement mes courbes déjà gracieuses au naturel. Je me sentais légère sans tout ce métal, et j'avais une grande envie de m'amuser.

J'enfilais des gants en cuir, le prototype de mes gantelets métalliques chéri, puis balançais mon sac et mes sacoches plus loin et fis de même avec mon fouet, ne souhaitant pas blesser Oscar plus que de raison, même s'il s'en remettait. J'avais donc pour seul équipement deux dagues. Je les fis doucement glisser hors de leurs fourreaux dans un petit crissement métallique et je me retournais face à mon adversaire et ami. Il adoptait une garde haute d'une perfection sans nom. Les capacités d'apprentissage de cet homme étaient clairement inhumaines. Nous n'avions pas travaillé plus de quelques heures la veille au soir et voilà qu'il me ressortait une garde presque impossible à casser.

Presque. Impossible n'existant pas dans mon vocabulaire, j'avais appris a lutter efficacement contre les techniques que j'employais moi même. Oscar était plus fort que moi, et malgré sa vitesse naturelle sans armure, il ne serait jamais plus rapide et précis que moi sans protection. Je me sentais nue, certes, mais c'est dans des vêtements de cuirs que j'avais appris à combattre et à perfectionner mon art. Le retour aux sources est une bonne chose, malgré ma blessure à la cuisse. Casser une garde haute est facile quand on sait comment s'y prendre, même si la personne en face s'y attend. Il suffit simplement d'être assez rapide, et surtout assez fou, pour réussir à se coller à son adversaire. Esquiver la lame relevait du suicide, certes, mais tout était possible avec un effort de volonté. Mais ce soir, j'allais enseigner un autre type de leçon.

Oscar n'avait vu que les quatre gardes de base du combat à l'épée courte. Il en existe énormément de variantes, dont certaines s'utilisent avec des armes doubles. Les lames courtes sont légères et très maniables, et donc parfaites pour l'ambidextrie. Partant d'une position de garde haute, dague pointe en avant en direction de l'adversaire. La seconde main, que les combattants utilisaient généralement comme balancier, me servait à moi comme d'une protection supplémentaire. Pour l'heure, mon bras était le long de mon corps, caché à Oscar. La dague en prise inversée permettait de donne des petits coups ou d'assassiner quelqu'un avec un grand mouvement ample pour planter le morceau de métal dans le dos, mais pendant un duel, cette prise agissait comme une sorte de petit bouclier. Je savais mes armes solides, parce que je les fabriquais moi même, et je savais qu'elles résisteraient aisément à des coups de taille ou de revers.

"L'homme mène la danse, il me semble. Fais donc le premier pas."

La danse pouvait commencer. Leçon du jour : le changement de rythme. Et comme pour lui prouver que je parlais vraiment de danse, lorsqu'il fit le premier pas, je modifiais ma position de garde du tout au tout, adoptant un style bien particulier. Face a lui, poings et dagues devant mon visage, légèrement sautillante. La boxe la plus meurtrière du monde. J'avais dans l'intention de changer de garde aussi souvent que possible durant le combat, histoire de m'amuser. Je perdrais surement, ma blessure étant rouverte depuis peu, mais au moins, j'allais m'amuser comme une gamine. Et mes yeux rouges brillaient d'un éclat joyeux.
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MessageSujet: Re: L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda]   L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda] - Page 2 EmptyLun 15 Juil - 23:42

"Je pensais à quelque chose d'un peu plus plaisant. Ça se fait à deux, on transpire beaucoup et ça révèle beaucoup de choses sur l'autre. Mais ça se pratique allongé."

Je veux pas paraître cliché ni rien, mais l'exercice n'avait même pas débuté qu'elle me prenait déjà de court. Et sans mauvais jeu de mots. Bien joué, Oscar, toujours très doué pour comprendre les sous entendus quand on te cause. M'enfin, là quand même il y avait de quoi se tromper du tout au tout, non ? J'était parti sur une danse tout ce qu'il y a de plus classique moi, à la base. Elle, portant une longue robe rouge, moi, en smoking, limite une rose entre les dents, et un tango en arrière plan. J'avais vu un truc comme ça, il y a un âge sur les grands-écran magique sur la place de Bharkan. Un truc très classe, très bien fait, qui me donnait vachement envie d'essayer malgré ma nullité flagrante pour mettre un pas devant l'autre sur un rythme donné. Mais là. Souffle coupé. Rougissement. Détournements de regards. Mal à l'aise excessif. Et rideau !

Je restais planté là, comme un grand cornichon, coincé dans un immobilisme pouvant paraître de loin pour la concentration, mais qui ne trompait pas en regardant de plus prés. Tremblements excessif. Coulées de sueurs au niveau du front. Regard plongé dans un vaque assez lointain. Visage teinté d'un beau rouge écarlate. Les signes parfaits d'une timidité excessive ou d'un mal à l'aise soudain. D'autre que moi auraient jeté épées, pantalons et caleçon - et auraient gardés les bottes, comme des hommes - et se seraient jeté sur elle. C'était pas l'envie qui m'en manquait, hein, allez pas non plus me prendre pour un impuissant. A certains moments du voyage, les images d'elle en petite tenue m'était remontées, et je l'imaginais de temps à autre cul nu sur son cheval, un peu à la manière des valkyries, qui galopaient torse nu contre leurs ennemis pour les déconcentrer. D'autres se seraient trouvés offensés et auraient refusés l'affrontement. Il y avait un peu de ça aussi. Un chevalier, même si je vous raconte tout un tas de truc depuis le début comme quoi nous ne sommes pas comme dans les contes, que certains font un peu comme ils veulent et tout ça, nous avons quand même des règles. Plus ou moins strict selon le serment que nous prêtons, mais des règles quand même. Bon, d'accord, j'avais justement prêté serment à Melinda et lui avais promis d'agir selon ses désirs, sans que les actes qu'elle me commanderait de faire n'ait aucune sorte d'importance sur mes opinions. Certes, c'était mon amie - et qu'elle amie ! Je n'en avais pas des masses, des amis avec une peau si douce, une bouche si pulpeuse, des jambes aussi longues, des ... BREF.

Des devoirs. J'avais aussi des devoirs. J'était avant tout un chevalier Domnhall. Répudié, ça vous le savez, je le répète assez souvent, mais chevalier quand même. Et j'avais beau réfléchir à m'en péter les veines, je n'arrivais pas à me souvenir un traître mot sur ce sujet dans notre codex. Il y avait tout une tartine de trucs sur l’adultère, les enfants illégitimes, la polygamie, l’inceste, ... Mais pas moyen de se souvenir d'un foutu mot sur la marche à suivre pour un chevalier dans une pareille situation. Pour le coup, la famille Domnhall n'avait pas assuré sur ce point. Ma famille. bah tiens. Parlons en justement. Quel serait les réactions, si on apprenait que Sir Oscar Domnhall faisait des folies avec une roturière ? Euh non, mauvais exemple ça. Il m'était arrivé de fréquenter, ça bien évidemment, et plus que de raisons. Ma première fois, avec une fille de Fort-les-Confins. Une fille du bas peuple, mais avec qui j'avais grandit et joué une bonne partie de mon enfance. Et l'année de mes seize ans, mon oncle me paya une nuit avec elle. J'avais reçu un arc flambant neuf l'année de mes seize hivers, elle, elle était rentrée dans un bordel. Mais bref. En effet, il m'était arrivé de me rendre dans quelques établissements de ce genre, par le passé, ou de passer un peu de temps dans une grange avec une ou deux filles après un tournoi pour fêter la victoire - rares sont les chevaliers échappant à la règle, je vous ai dis - mais toujours avec la même boule au ventre. Qu'est ce qui se allait se passer, si jamais ... Eh bien, si jamais un bâtard voyait le jour ?

Oh, ça pour le coup, j'imagine bien que mes ancêtres ont eu leur lots de gamins illégitime. Mais dans mon cas, la situation était pointilleuse. J'allais peut être chercher plus loin que de raison, mais que se passerait il après ? Abandonner la mère et le mioche pour repartir à l'aventure ? Hors de question. Nous installer dans une aimable chaumière et vivre comme une famille heureuse ? Ce qu'il y aurait de mieux à faire, mais non. Retourner à Fort, reconnaître le gamin, épouser la mère, et provoquer malgré moi ce que j'avais tenter de fuir ? C'était la solution la plus probable, même si les réactions d'un homme aussi austère que mon paternel restaient imprévisible. Accepterait-il la situation en bougonnant, qu'importe l'épouse tant que l'héritier rentre à la maison ? Ou serait-il animé de motivations plus amère ? Un accident est si vite arrivé, après tout ...

"L'homme mène la danse, il me semble. Fais donc le premier pas."

Non. Du calme. Tu te montes des blancs en neige pour rien. Ce n'était qu'une provocation. Tu en as déjà entendu des milliers d'autres jusqu'ici, rappelle toi. Du genre "J'vais t'mettre tellement cher que tu pourras plus marcher après ça !" "Après ça, tu ne pourras plus que marcher les jambes arquées"[/i] ou encore "J'vais t'mettre la même chose que j'ai mis à ta mère hier soir !"
Une provocation tout à fait innocente. Juste pour épicer le combat. Rien de plus. Reprend tes esprits et réponds !

"Heu ... Un peu que je vais la mener, la danse ! Tu vas voir !"

Wow. Y avait de quoi trembler dans nos liquettes, là. Hmm. Le combat ... allait être compliqué. Melinda était de loin maîtresse dans le maniement des armes légères.
On m'avait déjà dit : "Y a qu'en se prenant des gnons que les leçons entrent !". C'était une maxime que j'avais toujours plus ou moins appliqué, au combat comme dans la vie de tout les jours. Quand tu fais trop cuire de la viande, tant pis si elle est cramée, bouffe là quand même, tu feras plus gaffe la prochaine fois. Tu t'es coupé en voulant affûter ton épée ? Tu feras plus gaffe la prochaine fois. Trente deuxième fois que ce dragon te carbonise ? Pas grave, élabore une nouvelle stratégie, et retournes-y ! Tu t'es fais coupé une jambe et les deux bras en voulant t'attaquer à une bande de bandits, mais t'en as quand même buté sept ? Bien ! Attend que ça repousse, et tu les finis !
Hmm. Faut l'avouer, être gratifié d'un don de guérison aussi costaud que le mien me permet de pousser l'adage assez loin. Mais c'est un peu l'esprit après tout, pas vrai ?

Cette fois-ci, la tâche s'annonçait assez épineuse. Regarder la chasseuse dans les yeux, même tout court, allait se révéler improductif pour un combat. Très bien donc. Ne pas regarder l'adversaire dans ses yeux rouges profonds. Ne pas regarder les mouvements de ses bras fins. Ne pas regarder ses longues jambes et, euh ... Ne penser à rien. Penser avec la lame que tu as dans les mains, pas avec l'autre. Frapper sans la blesser. Attaquer avant qu'elle ne doute de quelque chose. Et surtout, trouver une source de concentration autre que ça.

Mais j'avais la combine. Lorsque vous ne pouvez pas regarder votre adversaire directement, pour une raison x ou y - devinez de laquelle il pouvait bien s'agir là - le seul moyen, c'est de passer en vue de trois quarts. Aussi appelé vision à 30 degrés. Cette tactique, mise au point surtout pour affronter les gorgones ou autres bestioles du même style je présume, est basée sur la vision périphérique plutôt que sur la vision directe. Dans un corps à corps, il est bien plus facile de ressentir l'ennemi et de prévoir ses mouvements lorsqu'on ne le regarde pas directement. Ça vous permet de vous focaliser bien plus facilement sur les coups à venir plutôt que sur ceux que vous imaginez venir. C'est assez subtil, mais pour une bonne quantité de guerriers, c'est une technique qui avait fait ses preuves. Avec ça et des passes combinant coups rapide à une main et coups lourd à deux mains, j'avais de quoi prendre l'avantage.
Ne pas regarder directement. Ne penser à rien d'autre qu'à gagner. Ne frapper qu'avec le plat de la lame. J'allais y arriver. En théorie.

Ayant l'initiative, je décidais d'ouvrir par le coup le plus violent que je connaisse. Sa garde était haute - un truc du genre en tout cas - et semblait porter seulement sur la protection immédiate de son visage. Un sprint, un coup sauté pour la déstabiliser, puis un coup de genoux dans le ventre. D'ordinaire, ça couchait même un homme robuste, suffisamment longtemps pour pouvoir l'immobiliser au sol, et profiter de la position pour mettre fin prématurément au combat. La coucher, l'immobiliser et profiter de ... RAH

Aussitôt dit, aussitôt fait. Malheureusement, il y eu un hic. Et je vous le donne ne mille : pas assez de force. Ce coup là, usuellement, je le porte avec une épée bien plus lourde, en ayant bien plus lourd d'équipement sur le dos. Là, certes le coup était d'une grande violence et intentionnellement porté à l'endroit où sa garde serait la plus forte, mais j'avais à peine réussi à lui faire plier un genoux. Elle m'avait repoussé d'un coup de poing assez lent - suffisamment lent pour me le laisser savoir qu'elle pouvait m'avoir mais qu'elle ne le voulait pas tout de suite - coup de poing que j'esquivais d'un pas en arrière, croisant l'instant d'un battement de cil son regard de braise, qui mit le feu à mes joues.

Quelques secondes plus tard - le temps nécessaire de me rappeler tout ce que j'ai déjà dis plus au dessus, en somme - je repassais à l'assaut. Même tactique cette fois. Je retentais une troisième, esquivant de mieux en mieux le coup de poing final. Le quatrième coup porterait cette fois. Plutôt que de donner un coup au ventre, j'essaierais un coup de boule. Ça allait être suffisamment inattendu pour marcher. Allait être. Aurait pu être. Au dernier moment, au coup sauté, elle bascula son pied en arrière, passant de sa garde chelou à une qui me semblait être haute et se mit de profil, n'ayant même pas besoin d'esquiver ou de parer mon attaque, qui ne fit, au final, que faucher du vent. Plein de ressources, je la balayais d'un grand coup de pied. Succès, mais elle se releva suffisamment vite pour pouvoir avorter mon prochain coup et me gratifier d'une légère coupure à l'épaule. La plaie se referma immédiatement. L'expression de la chasseuse en disait plus que long sur ses intentions. Ce soir, elle voulait jouer.

Le combat allait être très dur.

______


Nous nous battîmes pendant ... Quoi ? Une, deux, voir trois heures ? Je ne saurais pas vraiment le dire. Nous étions passé par une multitude de situations. Désarmement, changement de postures, coup rapides, lents, en traîtres, dans le dos, combat en équilibre sur la muraille du bateau, pendu aux cordes de ses haut-bans, de nouveau en équilibre sur son mat, de nouveau sur la terre ferme. Nous avions chacun notre tour repris l'avantage sur l'autre, passant mille fois à coté de la victoire sans jamais l'atteindre. Mais finalement, il nous manquait toujours ce petit quelque chose d'impalpable pour achever le combat. Chose que je n'aurais jamais imaginé, la lutte s'éternisait. Nous étions tout deux exténués, à bout de souffle et suant à grosses gouttes. Elle, elle avait de plus en plus de mal à tenir sur ses jambes. Elle semblait s'être ramassée une blessure plus tôt dans la soirée - au cours de la bagarre, peut être ? - et cette tare semblait l'handicapé un peu plus à chacun de nos assauts. Moi, mis à part la fatigue, ça allait. Mais je n'arrivais pas pour autant à l'emporter.

Vous allez peut être trouver ça con, mais ... Vous savez, dans un combat amical à armes réelles, il est d'usage de se couper sans le vouloir, d'infliger à l'autres des petites égratignures sans importances, de se piquer, aussi. Et même si pour ma part, les bobos et autres blessures superficielles fondaient sur ma peau, il n'en était pas le cas des mes habits. Mes bottes résistaient bien. Cuir bouillies et renforcées de pièces de métal ici et là, elles avaient bien survécus jusque là. Ma tunique devait être quelque part sur le pont, mais où, mystère. Mais pour ce qui était de mon froc, par contre. Si j'arrivais à le rattraper, ça allait être un miracle. Avec le peu de tissu qui en restait, j'avais tout peine de quoi le raccommoder en short. C'est à croire qu'elle prenait un malin plaisir à me ... Oh.
Et ce qui la concernait, l'état n'était pas bien brillant non plus. J'avais beau faire de mon mieux pour taper avec le plat de l'épée, une lame reste une lame. Ça pique, ça tranche, ça découpe. Sa jupe avait souffert elle aussi. Trop, même. Mieux valait arrêter là.

Brisant ma posture pour tenter de la prendre à revers, j'ouvris intentionnellement une ouverture dans ma garde. Elle en profita et me désarma sans effort. A sa merci, je m'efforçais toujours de ne pas croiser son regard. Je me redressais d'un éclair, la saluant poliment d'une autre courbette, et partit ramasser mon arme. C'était assez grossier, comme fin, mais c'était ce que j'avais trouvé de mieux. Son bustier était sur le point de rompre, et on a beau dire ce qu'on veut, des obus, ça n'a rien à faire dans un duel à l'épée.

La saluant de nouveau d'une nouvelle courbette, je la regardait droit dans le front, l'air le plus sérieux du monde.

"BON. La journée à été rude, et je pense que l'aurore ne va pas tarder à montrer le bout de son nez. Va te reposer un peu, je viendrais te réveiller quand le déjeuner - ou quoi que ce soit qui servira de casse dalle - sera servie." Finis-je, d'une voix assez rauque et bourrue. "Moi, je vais regarder l'équipage appareiller. Ahah, c'est la première fois que je prends le bateau, après tout."

Des mouettes. Les mouettes, mes amies, qui terminaient ma phrase d'un piaillement rauque. Je me tournait, face à l’océan, contemplant la ligne d'horizon qui s'empourprait au fur et à mesure que l'aube s'approchait. La vue était belle, certes pas autant que celle qui se trouvait dans mon dos. Mais au moins, l'océan c'était assez pieux, comme truc à observer.
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MessageSujet: Re: L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda]   L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda] - Page 2 EmptyMer 17 Juil - 18:18

Jouer est une composante essentielle de la vie. Jouer est quelque chose dont je ne me passerais jamais, même morte, arpentant les enfers abyssaux à bord du navire du dieu des loups. Je jouerais pour toujours et a jamais. Je jouerais aux jeux de la séduction, à celui de prendre la vie sans détour, ou tout simplement grâce à un jeu de cartes.  Jouer comporte certains risques. La preuve, la plaie à ma jambe me tirait un peu à chaque mouvement que je faisais, et je savais qu'il fallait qu'elle arrête de bouger pour se soigner efficacement, mais je devais jouer. Jouer a combattre un homme pour lui apprendre le maniement d'une arme, le déplacement de son corps, raffermir sa vitesse, sa concentration, déstabiliser ses connaissances, chambouler son univers et en faire un combattant qui, je n'en doutais pas, me surpasserais certainement un jour. Tout ceci n'était qu'un jeu, certes, mais un jeu destiné à transmettre de l'expérience. Certains jouent pour le pouvoir, je préfère passer mon temps à des choses plus futile. L'alcool, le sexe, les loups. Et maintenant, un ami.

Le jeu avait commencé de façon tout à fait logique. Le sachant chevalier, je jouais fortement sur les préceptes de son prétendu honneur -non que j'en doutais, mais j'avais perdu le mien longtemps auparavant- il avait été déstabilisé. I lavais tenté de frapper plusieurs fois, rougissant a chaque fois que je croisais son regard. Je laissais cette information de côté pour le moment et lisais ses mouvements. Comme dans un livre ouvert. Je ne prétendais pas pouvoir endurcir un chevalier immortel. Au contraire, j'avais surement plus besoin d'endurcissement que lui, mais si je pouvais, disons, le pousser à frapper instinctivement sans chercher absolument une faille, j'estimerais avoir fait du bon boulot.

Le combat s'était éternisé durant deux ou trois longues heures. Les marins, d'abord deux, s'étaient vite pris au même jeu que nous, mais d'une façon différente. Le capitaine Jiaz empochait les paris de ses hommes dans un petit coffre de fer. Au départ placés en cercles tout autour de nous, constituant une petite arène où se déplacer en flexibilité était difficile. Je ne suis pas très doué au combat trop rapproché, préférant user de dague de lancer, de grand déplacement dans de grands espace. Un bar était assez grand, par exemple, et il y a toujours moyen de s'amuser avant, pendant et après la bagarre. Mais le pont d'un navire était généralement glissant et pas spécialement grand. Je me débrouillais quand même pour esquiver la plupart des coups de mon ami, souvent en changeant simplement de position. Il avait paru étonné les premières fois, puis il s'y était fait. Son instinct prenant un peu plus le dessus a chaque fois. J'étais contente. Jusqu'à ce que ma jambe me rappelle à l'ordre. Il fallait que je prenne un peu d'air, pour la reposer un peu. N'écoutant que ma folie, j'avais jeté mes dagues contre le mat du bateau, esquivé un coup de taille grossièrement effectué tant i lavait été intrigué, puis j'étais monté en haut du mat a la force de mes bras, récupérant mes dagues au passage.

Le temps qu'il monte, j'avais refait mon bandage avec un morceau de ma jupe, arrêtant la petite hémorragie pour un temps. Nous avions ensuite passé quelque temps en équilibre au-dessus de la grand-voile. Cet homme avait quelque chose d'étonnant. Quel que soit le lieu où je l'emmenais, il suivait pour combattre. D'abord hésitant, son équilibre s'était vite rétabli. Je pense qu'il s'apercevait de sa propre agilité. Après plusieurs désarmements - des deux côtés- et des récupérations in extremis -je pense que je manquais de me tuer plusieurs fois en glissant de ce foutu mat- nous étions descendus au niveau du bastingage. En équilibre dessus, en fait. Même constante. Hésitation, prise de conscience, raffermissement des coups. Toujours lisible, certes, mais je commençais a fatiguer moi même. Nos vêtements, et pour ma part, ma peau étaient ouverts de partout. Sa chemise s'était envolée depuis bien longtemps vers les eaux froides et glacées tandis que mon corset ne tenait que par quelques bouts de tissus. Les longs combats sont éreintants, mais toujours jouissifs. Même si nous tapions du plat de la lame -encore une fois lui plus que moi- il était normal de finir dans un état comme le notre. Le mien. Il ne saignait pas, forcément. De retour sur le pont et après quelques passes, il laissa une ouverture grosse comme le monde. Fatiguée et un peu handicapée à cause de ma jambe, je le désarmais d'une botte secrète, le fis tomber et songeais un moment à lui sauter dessus histoire de raffermir ma victoire avec un baiser.  Je n'abusais pas plus, le laissant se relever rapidement. Il fit un salut, que je lui rendis.

-"BON. La journée a été rude, et je pense que l'aurore ne va pas tarder à montrer le bout de son nez. Va te reposer un peu, je viendrais te réveiller quand le déjeuner - ou quoi que ce soit qui servira de casse dalle - sera servi. Moi, je vais regarder l'équipage appareiller. Ahah, c'est la première fois que je prends le bateau, après tout."

Il se retourna d'un bloc, m'ignorant totalement. Au vu de ma tenue, je dois dire que même moi, en voyant une femme vêtue de la sorte, je n'aurais jamais résisté à la tentation de regarder de plus près. Les trois morceaux de fil qui retenaient mon corset se mirent d'accord pour céder a ce moment-là, me laissant seins nus sur le pont du bateau, sous le regard d'une dizaine de marins subjugués. Je n'ai jamais eu honte de mon corps, et même si je suis un peu plus charnu que certaines professionnelles du moins, ma musculature de forgeron y fais penser- je n'en reste pas moins tout à fait sexy. J'en jouais souvent. Et comme je revenais dans un jeu que je maitrisais à la perfection, je me déplaçais et me plantais devant le capitaine, laissant un Oscar rouge écarlate de pensée impure essayer de retrouver sa vertu en regardant l'océan.

-"Jiaz, on regarde une femme dans les yeux. Dans les yeux. Voilà, fis-je d'un ton sans réplique, sachant pertinemment que dans les secondes qui suivraient, son regard retournerait en direction de ma poitrine. J'exige trente pour cent de la somme des paris me concernant. J’ai cru entendre que j'étais donné perdante à la base et ça m'attriste fortement."

-"Que... le capitaine reporta son attention sur mes yeux sans que je ne le rappelle à l'ordre. Trente ? Mais c'est du vol ! Je vous en laisse vingt et je n'irais pas plus haut, aussi charmantes soyez-vous."

-"hm. Je fis mine de réfléchir en portant un doigt sur mes lèvres, comme la première ingénue venue. Si je peux utiliser votre cabine et la sale d'eau qui s'y trouve, marché conclus. "

Nous topâmes. Je n'en espérais pas tant à la base. Je récupérais mon argent, ma cape rouge, que j'enfilais immédiatement, et rejoignis Oscar, en prenant bien soin de cacher ma peau nue sous l'épais tissu. Je commençais à avoir froid maintenant que le combat s'était arrêté. Je tendis à Oscar la moitié des vingt pour cent que j'avais obtenu, puis sachant qu'il ne les prendrait pas, je les lui fourrais de force dans le creux de la main.

"Une victoire en demi-teinte, mon cher. Me laisser gagner était bien urbain de ta part. Et comme ta prestation était d'une excellence rare, tu mérites une récompense. En plus des billets, j'entends."

Je lui collais un petit bisou sur la joue, avec un grand sourire, puis m'écartait pour prendre la direction de la douche du capitaine. Une joie insensée. Je passais d'abord récupérer des affaires propres dans mes valises, dans la soute. J'avais déjà offert un bon spectacle aux marins, pas question de recommencer. Ou pas gratuitement.
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MessageSujet: Re: L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda]   L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda] - Page 2 EmptyMer 17 Juil - 22:22

Je n'ai jamais vraiment été bien intéressé par les religions et tout ce qui s'en rapproche, mais l'esprit de cette croyance me plaisait. Le Zénith, qu'on appelle ça. Une histoire simple, très certainement fictive, mais au moins basée sur quelque chose de simple à comprendre : la peur naturelle qu'ont les hommes pour l'obscurité et les deux astres qui éclairent notre ciel par intermittence. Pas d'obligations. Aucun tribut à payer, péchés à expier, tâches à accomplir. Juste la recommandation d'être bon et d'aider tout ceux qui sont dans le besoin. De rares lieux de cultes, qui pour la plupart sont en ruine aujourd'hui. La plus connue - sans l'être - est peut-être cette grande statue de pierre jaunes, dans le jardin royal à Bharkan. Aujourd'hui brisée, il ne reste plus que les vestiges de ses jambes et les quelques morceaux tout autour qui sont cachés sous le lichen. Cela fait des années qu'on demande à la faire remplacer par quelque chose de plus beau, mais personne n'a jamais eu le courage de s'y mettre vraiment. On dit qu'à la base, cette statut représentait le soleil sous sa forme physique de guerrier, mais que l'artiste, mécontent de son oeuvre, l'a fit volé en éclat. Il y a bien quelques représentants aussi, mais ils étaient bien rare. J'en avais rencontré deux. Un paladin, qui m'avait tiré d'un sacré bourbier - au sens littéral - et un prêtre. Je tiens tout ce que je sais sur cette croyance d'eux, d'ailleurs. Le paladin, un chic type répondant au nom de Jenkins, m'a sortit du ventre d'une grosse limace résidente d'un marais de l'est, il y a deux ans. Enfin, "m'a sortit". Disons plutôt qu'il a sortit mon cadavre de sa carcasse en tranchant le ventre plein d'acide de la bête. Je ne m'attarderais pas sur les détails, mais le coup de trouver un macchabée putréfié qui se remet dans les heures suivantes à respirer, ça lui fit un choc. J'ai passé un certain temps avec lui, le temps de lui revaloir le coup de main, et c'est là que je rencontrais le prêtre. Il ne m'apprit pas grand chose de plus sur le Zénith que ce que Jenkins m'avait déjà expliqué, si ce n'est qu'il voyait peu à peu les visites de ses ouailles diminuer, et qu'il craignait qu'un jour, toute foi en l'astre solaire finisse par disparaître.

De tous, c'était à lui que j'envoyais le plus de prières. A lui, et à tout ce qui pouvait bien se vénérer partout ailleurs. Mais les chuchotis et exclamations de joies des matelots confirmèrent ce que je pressentais. La divine providence, le hasard, les dieux, les déités et toutes les autres sortes de créatures créatrices partout dans l'univers venaient de me trahirent de concert, et quelque part, mon esprit fusilla de malédictions comme il couvrit secrètement une certaine couturière de mille remerciements pour ne pas concevoir d'habits plus robustes. Je tachais de trouver tout au fond de moi la force de volonté nécessaire pour ne pas me retourner et profiter à mon tour du spectacle. Soudainement, la tâche que devait porter chaque homme ayant juré chasteté me frappait d'une grande baffe dans les dents. Savoir regarder une poitrine opulente comme si il s'agissait d'un torse velu. Pouvoir soutenir le regard une beauté sans avoir un second cerveau qui s'active pour agir comme un brouillard radio sur les pensées censées et intelligentes. Être capable de se retrouver devant le corps dénudé d'une femme et répondre par la négative d'un simple mouvement de tête. Certains serments devaient vraiment être fabuleux pour qu'un être se refuse à tout plaisirs charnels sans broncher. Moi, je n'avais prêté aucun serment de ce genre. Pas la moindre trace de quelque chose d'aussi pur, aucun chaste bouclier derrière lequel me planquer pour éviter de passer à la casserole. A l'instant, tout ce qui m’empêchait de succomber à la douceur des invitations lancées par Melinda, c'était mes idées vacillantes sur l'honneur et la noblesse, un sévère grincement de dents, des ongles enfoncés à sang dans le bras et un regard bloqué sur le large. Après tout, qu'est ce qui m’empêchait bien de ne pas y aller ? Nous étions tout deux dans la tenue adéquate ; la cale, nous y serions en même pas deux minutes ; et toute cette foutue tension qui régnait entre nous - non, même pas, qui me grignotais tout simplement moi - serait expédiée en autant de temps et de sueur qu'il faudrait, quitte à y passer la nuit. Et le jour d'après. Et même tout le putain de voyage jusque Milkaun, dussais-je en crever d'épuisement. Le rôle d'un chevalier, c'est de servir, après tout. Et c'était à elle que j'avais prêté serment. Des raisons suffisantes pour ne pas avoir à réfléchir sur le pourquoi du comment.

Et réfléchir, c'est ce que je faisais le mieux. Et trop, beaucoup, beaucoup trop. A un tel point que dans des situations critiques comme celle-ci, tout les pour et les contres se heurtaient les uns aux autres. Et ma pauvre cervelle se retrouvait à mouliner dans la semoule. Car vous l'avez bien compris, j'en crevais d'envie. Mais il y avait blocage, ça aussi, vous vous en doutiez. Le problème, c'était de le situer.

Le long monologue interne qui accaparait mes capacités cognitives prenant trop de place à ces moments là, je n'entendis guère les magouilles de la demoiselle avec le capitaine. Mais là où la réflexion s'occulte, le subconscient domine. Et ce qui se passa ensuite déblaya le bordel dans ma tête comme une boule de bowling dégage une piste de ses quilles. Les mots qu'elle avaient prononcés plus tôt n'étaient pas qu'un simple moyen de provocation pour me déstabiliser, au final. Alors que je passais progressivement d'un rouge qui ressemblait ma foi à encore quelque chose qui pouvait encore passer pour quelque chose d'humain à une teinte s'approchant de la pivoine en un temps record, elle, elle souriait. C'est à se demander comment elle avait fait pour ne pas se brûler les lèvres en m'embrassant sur la joue, parce que moi pour le coup, j'eu l'impression qu'on me passait un fer rouge sur le visage. Enfin, ce genre d'impression, mais qui restait tout de même dans le domaine de l'agréable, et même carrément au delà.

Et puis peu à peu, alors que le temps passait, l'odeur de la chasseuse s'échappa, le contact de sa peau disparaissait, et la brûlure sur ma joue, bien que toujours lancinante, me laissait un peu de répit pour que je reprenne un minimum mes esprits.

Autour de moi, ce qui s'était transformé en arène humaine pendant notre combat s'était dispersée, et comme la plupart n'avait plus beaucoup de temps avant que le jour ne pointe le bout de son nez et que le bateau lève l'ancre, il ne restait que quelques insomniaques à se balader sur le pont. Quelques hommes, peut-être trois, voir quatre, dont le capitaine, qui lui avait l'air vraiment fatigué et désireux de fermer l’œil, et qui plutôt que de profiter de son lit flânait autour du mat. Il y avait moi aussi, qui bien que ressentant subitement milles courbatures et une fatigue à faire s'écrouler un cheval, n'avait pas la moindre envie de fermer l’œil. Et pas de Melinda dans les parages, en tout cas.

Profitant de ce léger regain de mobilité, je m'approchais du tonneau d'eau potable qui m'avait permis de me rafraîchir quelques heures plus tôt. Celui-ci semblait avoir souffert du passage subit de tout l'équipage sur le pont, mais il en restait encore suffisamment pour que j'y plonge ma tête en entier. Contrairement à l'air ambiant, la flotte était glaciale. Mais j'y restais bien une bonne minute en apnée. Le temps de me rafraîchir. Le temps de noyer un peu de ma fatigue. Le temps de me vider la tête. Lorsque je repris mon souffle, le capitaine se tenait droit à mes cotés, me tendant d'une main la chemise que j'avais abandonné lors de mon entrainement en solo sur le pont. Je m'essuyais un peu le visage dedans, n'escomptant pas la remettre alors qu'elle était trempée de sueur et qu'elle puait le chacal.

"Un sacré tempérament, votre copine. Je ..."

"Pas copine. Amie." le corrigeais-je d'un ton sec. Pourquoi était-ce si important, de préciser ce point ? Il ne s'était encore rien passé, et il ne se passerait peut-être jamais rien, c'était à peine si je l'avais rencontrée il y a plus d'une journée, et pourtant, je ressentais ce besoin viscéral de mettre les choses au clair. Une précision automatique qui tenait plus lieu d'être pour moi que pour lui, j'imagine.

"Certes.. Bref, passons. Votre amie" reprit-il en levant les yeux aux ciel. "doit se trouver sous la douche, dans ma cabine personnelle." Se sentant obligé de rajouter quelque chose pour combler le silence dans lequel il s'était lui même vautré, il continua d'un air entre le ronchon et le désobligé. "A titre gracieux, en guise de bonus aux gains amassé au cours du pari. Je n'ai rien contre avoir une femme à bord, bien au contraire même. Mais je commande un équipage composé d'hommes, et j'ai bien peur que ceci ..." Il tenait dans son autre main un morceau du bustier endommagé de Melinda. Je sentais l'odeur de sa sueur de là. Et je commençais à envisager avec une certaine appréhension ce qui allait suivre. "Que ceci ne cause quelques failles dans mon commandement. Je vous serais donc gré de rendre ceci à votre co ... Sa propriétaire."

Il me fourrait le morceau de tissu entre les mains et tourna les talons vers un de ses hommes resté sur le pont sans glisser un mot de plus. Et moi, je restais là comme un gland, à ne pas savoir quoi faire de ce truc. Hors de question de foutre ça par dessus bord, des fois qu'elle en ai besoin pour raccommoder son bustier, sait on jamais. Hors de question de laisser ce truc entre les paluches des balourds de cet équipage. Il ne restait donc que la solution de rendre la pièce de tissu à sa propriétaire. Évidemment, pas question de faire irruption dans la cabine du capitaine pendant qu'elle prenait sa douche. J'avais moi même bien besoin d'un bon coup de savon, mais en tant que chevalier, respecter la pudeur d'une dame relevait d'une évidence enfantine. La lui remettre à sa sortie de la cabine, donc. Oui mais non. Elle sortirait peut-être seulement vêtue d'une serviette, et ce machin n'allait rien faire de mieux que l'encombrer. La poser dans la cale et revenir sur le pont après. Ni vu, ni connu. Tout réglé, sans soucis, sans encombres et sans casse-têtes supplémentaires. Ouiiiiiiiii, mais voilà. Allait-elle la retrouver facilement, dans tout ce fourbis ? Peut-être pas en fait. Il faisait assez sombre dans cet cale, et elle passerait peut-être à coté sans s'en rendre compte. Il n'y avait rien à faire. Il allait falloir que je l'attende dans la cale moi-même pour lui remettre en main propre.

M'exécutant, je balançais ma vieille chemise par dessus bord et prenais les escaliers en direction de notre cabine de fortune. Prendre un truc propre à se mettre sur le dos, un savon et deux trois trucs en plus et direction l'eau de mer. Une petite trempette pour me décrasser un peu ne serait pas du luxe, a l'instar de vêtements propres. Je traversais la seule salle qui séparait notre morceau de cale de l'escalier à tâtons. Il ne s'agissait que de la cambuse, mais j'avais entendu quelque part que l'aide cuistot s'endormait souvent sur un tabouret, en plein milieu de la vaisselle à faire. Mais pas de ronflements ou de respiration. J'ouvrais donc la porte de notre cabine et ... Melinda. Les mains dans son sac, à chercher des affaires.

Je refermais la porte, yeux fermés et la main serrant toujours un peu plus fort la poignée. Plus un moyen de faire sortir ce qui s'était remis à bouillonner à l'intérieur de mon crâne, je donnais deux grands coups de tête contre le mur le plus proche et restais dans cette position. Qu'est ce que j'avais fait au ciel pour ne pas avoir de répit ? Tout ce que je demandais, c'était de reporter une confrontation directe, ne serait-ce qu'un peu pour pouvoir penser un peu plus. Je sais pas moi, du genre trouver des trucs à dire, comment l'attendre et surtout décider quoi faire. Mais là, c'était trop tard. Si elle n'avait pas entendue la porte s'ouvrir, elle l'avait au moins entendu se fermer. Il n'était plus temps de cogiter.

Prenant une énorme respiration, j'ouvris la porte en grand, et énonçais presque d'une manière scolaire :

"*HEURM* Le capitaine à trouvé ça sur le pont et ... Bah je pensais que t'aurais voulu le récupérer. Heu ... Prends ce que t'as à prendre, je vais attendre que tu ais fini avant de récupérer ce qu'il me faut." Ceci dit, et évitant toujours cette fois de rentrer en contact visuel direct avec la jeune femme, je fit volte-face.

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MessageSujet: Re: L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda]   L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda] - Page 2 EmptyVen 19 Juil - 21:34

J'étais en train de couver quelque chose. La chaleur du combat avait laissé place à la fraîcheur de l'air ambiant, tout à fait normal en cette saison dans cette région et a cette heure de la nuit, puis de nouveau a la chaleur à l’intérieur du navire. Je ne savais pas comment il était possible de conserver tant de chaleur a l'intérieur d'une coque de bois qui flotte sur la mer la plus froide connue du royaume, mais c'était de toute évidence quelque chose que maîtrisaient a la perfection les ingénieurs de la région. Ou d'ailleurs, parce que je n'avais aucune idée de la provenance de ce foutu navire. Et je m'en foutais, en plus, acheter un bâtiment ne m’intéressait que pour les avantages financiers qu'il m'apporterait : pas de loyer, un logement déplaçable a l'infini, mais une odeur de poisson permanente et des frais de réparation considérable. Et puis, entretenir un équipage, même de beau et grand marins taillés dans le roc, coûterait trop cher. J'en resterais donc à mon appartement chauffé grâce à ma forge située juste en dessous. J'arrivais donc en sueur jusqu'à la cale, puis fus prise d'un frisson en ouvrant la porte. Par le dieu des loups, j'allais vraiment chopper la crève a passé ds température opposée aussi vite. Frissonnante, j'entrais dans la petite pièce ou de l'eau froide clapotait doucement sur le sol et repérais bien vite où Oscar avait entreposé mes affaires.

Il avait été mignon au point de rechercher le seul coin au sec de l'endroit. Je me mis a doucement farfouillé mon sac en pendant a la douche du capitaine. J'avais pris le soin de vérifier dans sa cabine à quoi elle ressemblait. Une douche a l'eau tout ce qu'il y avait de plus classique, mais pas de savon. Jiaz ne devait pas l'utiliser bien souvent, sauf quand il rencontrait ses maîtresses aux différents ports d'attache. Au moins, elle fonctionnait à l'eau, et pas au sable comme la plupart des douches ont l’intérieur des navires. La douche au sable, quand on a des égratignures de partout sur le corps et une énorme plaie suintante a la cuisse, c'est déconseillé. Je pensais donc, en plus du savon, a récupéré de quoi désinfecter toutes ces plaies et de quoi bander ma cuisse, une nouvelle fois. J'en profitais aussi pour avaler d'une gorgée mon médicament.  Une petite potion d'environ cinq Centilitres, au goût affreusement infernal, qui sentait le poisson pourri et la viande avariée. Mais j'en avais besoin. Je relus l’étiquette, pour être bien sûr. Potion contraceptive de Miss Reelea. Beurk.

C'est ce moment que choisit quelqu'un pour ouvrir la porte. Je me retournais d'un mouvement vif, dague de jet en main. Personne d'autre que la porte fermée. Puis de coups sourds contre le bois et quelques instant après, un Oscar au front un peu rose qui me montrait a bout de bras mon corset déchiré.

"*HEURM* le capitaine à trouvé ça sur le pont et ... Bah je pensais que t'aurais voulu le récupérer. Heu ... Prends ce que t'as à prendre, je vais attendre que tu aies fini avant de récupérer ce qu'il me faut."

Il fit demi-tour, gardant le corset dans sa main. Oubliant de fermer la porte. Il avait réussi à glorieusement éviter de croiser mon regard rouge de braise. Cette observation me fit sourire. Je réglerais le souci de timidité excessive après ma douche. Je sortis plus ou moins vêtue de ma cape attachée autour de ma taille, les seins a l'air, et traversait le bâtiment jusqu'à la douche du capitaine. L'eau serait froide, aucun système de chaufferie dans les navires de bois, s’était trop risqué, mais me ferais un bien fou. Je me glissais sou l'eau et poussais un petit cri de douleur. L'eau de mer, même filtrée, garde une partie de ses propriétés saline, pénétrant dans toutes les coupures que j'avais sur le corps et ruisselant dans cette plaie immonde que j'avais a la cuisse. Je laissais couler durant un long moment, le temps que l'eau a mes pieds cesse d'être coloré par mon sang, puis me frottait presque religieusement tout le corps. Sans oublier mes fantastiques cheveux blonds, d'une lourdeur atroce une fois gorgés d'eau. Je pris mon temps pour me sécher et m'habiller. Le voyage jusqu'à Milkaun durerait plusieurs jours, et même avec une douche à disposition, je ne voulais pas prendre le risque d'ennuyer le capitaine Jiaz. Il avait l'air sympathique mais son regard était du même acabit que le mien, sombre, profond et reflétant une intelligence malveillante refoulée. Je me promis de ne pas trop l'astiquer durant le voyage.

Je sortis de la douche et me séchais, prenant le temps d'inspecter chaque coupure, de passer un peu de baume cicatrisant par-dessus, puis je m'attaquais au gros du travail. La plaie était nettoyée et désinfectée, mais il fallait que je trouve un moyen sur de bloquer toute perte de sang. J'enroulais un bandage très serré tout autour, enfilais un caleçon long et serré descendant jusqu'à mi-cuisse, puis un pantalon en cuir, un peu moulant, qui faisait d’ailleurs agréablement ressortir mon arrière-train. Si avec ça le bandage bougeait, je ne saurais plus quoi faire. J’enfilais aussi un chemisier à manches longues blanc, une veste de cuir de la même couleur marron que le pantalon, une paire de bottes et ma fantastique cape rouge. Puis, je libérais la cabine, laissant le savon sur place, un message laissé au capitaine,mais empochant mon matériel de soin.

De retour sur le pont, je trouvais Oscar accoudé au bastingage, parlant, ou plutôt maugréant, avec un marin chevelu. Mon arrivée lui fit prendre congé. J’exerçais une courte pression sur l'épaule d'Oscar pour lui signifier que j'étais là, puis je pris la parole dans un chuchotement.

- "Ne crois pas que je ne sais pas ce qui te tracasse. Je ne te forcerais jamais à rien, parce que je ne force jamais mes amis, aussi charmant soit-il. Je sais aussi de quoi tu as peur, continuais-je sur le même ton. Tien, lis ça, ça devrait t'aider a aller mieux."

Je lui tendis la petite bouteille de la potion de contraception vide. Malgré l'obscurité, le nom était quand même relativement visible et j'espérais fortement qu'il comprendrait le message. Que ce soit bien clair. J'adore m'amuser au fond d'un lit avec des personnes d'un sexe ou de l'autre, mais jamais je ne forcerais quelqu'un à entamer une partie de sport de chambre avec moi. En l'état actuel des choses, j'avais l'impression d'essayer de forcer la main de ce pauvre preux chevalier et ça ne me plaisait pas du tout. Une fois de plus, j'essayais de le regarder dans les yeux malgré son regard fuyant.

- "J'ai gagné un ami au détour d'une fête, je ne le perdrais pas au détour d'une nuit. Ce que je veux n'est pas ce que tu veux, en particulier sur le sujet précis qui te traquasse tant. Un oiseau passa, le temps que ce que j'allais dire s’enchaîne correctement au fond de mon esprit. Je repris la parole avec un rire dans la voix. Mon preux chevalier, tu es sensé être ma conscience, mais tu restes un homme intéressant, autant physiquement que mentalement. Si un jour on m'avait dit que je m'acoquinerais avec un noble, j'aurais craché ma bière au visage de celui qui aurais osé proféré pareille profanation a mon égard."

Oscar était clairement un objet de désir. L'esprit noble -que je n'aurais jamais, je suis trop sadique pour ça-, un corps musclé comme il fallait, une petite barbichette entretenue, il n'avait pas non plus l'air de se laisser aller sans se nettoyer, même sommairement, pendant une semaine. Pour moi qui me fou de mon apparence physique, mais pas du tout des soins de mon corps, c'était même l'homme qui se rapprochait de la perfection. Il était peut-être simplement un peu trop... bon ? Il me vient une légende de mon maître qui stipule que chaque être humain possède une sorte de catégorie. Il appelait ça l’alignement. Pendant que je me rappelais difficilement cet enseignement totalement inutile, donc forcément indispensable, je cherchais l'alignement d'Oscar parmi les neuf grandes catégories. Était-il loyal bon ? Il restait un mercenaire, j’optai plutôt pour le catégoriser dans les loyaux neutres, sorte de chevalier servant les intérêts du bien sans attache particulière. Il avait bien sa famille,m ai ça paraissait compliqué.  De ce fait, comment un être profondément loyal pourrait-il entreprendre quoi que ce soit avec moi qui étais définie comme une entité chaotique neutre, certes à tendance loyale, mais chaotique quand même ? Je me servais des autres pour assouvir mes objectifs. C'était d'ailleurs la première fois que je me retrouvais à faire aveuglément confiance à quelqu'un. Ça avait du bon, au fond.

Pendant qu'une mon esprit turbinait à plein régime pour définir un alignement totalement futile et dérisoire a placer sur chaque être humain que je connaissais, l'autre essayait de démêler ce sentiment d'amitié qui m'unissait au grand homme à côté de moi. Je lui faisais effectivement confiance. Quoi de plus normal pour un homme dont la particularité physique lui avait permis d'effectuer un rodéo sauvage sur le dos d'une coquatrice tout en lui arrachant plumes et écailles -vraiment, cette créature est étrange- pour lui planter ensuite une épée jusqu'à la garde sans sembler sourciller un seul instant ? Ça forçait le respect, et je pense que dans ma vie, a par mon maître, je ne respectais pas grand-chose. Pas même mois. Mon corps en lui-même était une chose dont j'étais fière sans forcément y faire attention -manger de la viande tous les jours n'aide pas a affiner une silhouette, mais je m'en moquerais toute ma vie- mais je couchais vraiment avec n'importe qui et n'importe ou. Oscar, en tentant de refuser mes avances, en réussissant plus ou moins, d'ailleurs, venait de me faire prendre conscience qu'il fallait peut-être que je calme le jeu de la séduction.

Je ne songeais pas à arrêter, forcément, mais à réduire un peu le potentiel de coucherie avec des inconnus a, Dison, pas plus de trois fois par semaine. Il y a des jours où j’enchaîne trois petites sauteries dans une journée avec trois personnes différentes. Je pouvais bien réduire un peu, ne serait-ce que pour mettre Oscar moins mal à l'aise. Je ne doutais de toute façon pas que dès qu'il tournerait le dos, je recommencerais comme avant. Mais tant qu'il serait là, sa présence me calmerait, d'une part parce qu'il me faisait envie et que si je me mettais à coucher avec mes amis sans qu'il n'en fasse explicitement la demande, je me sentirais mal, et d'autre part parce qu'il avait sur moi une sorte de présence rassurante. Je dormais quand même avec une dague sous l’oreiller, mais je dormais mieux quand il était dans les parages. J'espérais en faire de même pour lui quand je prenais la garde. Quoi qu'il ne devait pas trop baliser, vu qu'il était increvable. Le salaud.

Dans un soupir, je me retournais dos au bastingage, ma capuche retombant en arrière et laissant s'échapper une masse de cheveux blonds au grès du vent. Ma cuisse me lançait un peu, mais c'était bon signe. J'irais voir un médecin à notre arrivée à Milkaun, pour être sure. Le capitaine lança un ordre, le bâtiment vibra, la grand-voile se déroula dans un mouvement parfaitement fluide, se gonflant sous la force du vent. Quelqu'un remonta l'ancre et coupa les amarres d'un coup de hachette bien placé -je reconnaîtrais entre mille le bruit d'une hache qui fend le bois- et nous bougeâmes. Doucement pour commencer, mais arriver à quelque centaine de mètres des côtes glacées, le vent devenait plus fort. On fit réduire la voile pour éviter tout risque de collision avec un Iceberg ou une banquise invisible et on ordonna d'allumer la lampe de proue, pour pallier à toutes éventualités. Un voyage reposant en perceptive. Qui d'autre que des pirates pourraient nous attaquer en route ? Et à qui faisaient peur les pirates de nos jours ? Certainement pas a Jiaz et ses hommes qui avaient tous l'air de bon combattant, encore moins a Oscar ou moi, qui avions l'air d'encore plus fin combattant que l'équipage. Pour preuve, sur le pont étaient encore parsemés des morceaux de vêtements tachés de sang, et aucun de nous deux n'était mort. Je récupérais un morceau de ce qui fut jadis un corset. Mon maître avait dit quelque chose, un jour, que je répétais à haute voix, même si c'était totalement hors sujet.

-"Ce qui différencie le tueur de l'homme, c'est que le tueur sait épargner ses victimes."

Je lâchais l’étoffe qui s'envola vers le grand large. Je ne saurais dire pourquoi, mais cela m'arracha un sourire sincère.

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MessageSujet: Re: L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda]   L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda] - Page 2 EmptyDim 21 Juil - 23:44

"- Ne crois pas que je ne sais pas ce qui te tracasse. Je ne te forcerais jamais à rien, parce que je ne force jamais mes amis, aussi charmant soit-il. Je sais aussi de quoi tu as peur. Tiens, lis ça, ça devrait t'aider a aller mieux."

Ceci dit, elle me tendit un petit flacon. L'instant d'une seconde, je m'attendais presque à découvrir un nouveau breuvage, un alcool ultime qui permettrait d'oublier tout ses soucis en un instant et dont l'étiquette arborerait grosso modo quelque chose comme "Élixir miracle pour les indécis : là où vous avez des problèmes, nous voyons la noyade de vos solutions !" Mais au final, non. Cette fiole contenait un contraceptif. Je dévisageais Melinda un instant, de peur de ne pas comprendre. Elle était vide. C'était inattendu, mais l'idée m'amusait autant que celle de mes spéculations. Elle se souciait de mes inquiétudes. Je savais ce qu'elle attendait de moi, mais elle était quand même bien décidée à me laisser le choix final. Cette simple idée suffisait à me faire monter assez de sang aux joues pour détourner le regard une fois de plus sur le large, mais dans un sens, elle me touchait aussi. Je découvrais une nouvelle facette de la personnalité de mon amie. En deux jours, quoi de plus naturel me direz-vous. Après, je ne savais pas lequel des deux remercier pour cette soudaine inquiétude, sa libido ou sa sollicitude, surement les deux, mais jusque là, elle avait toujours montré une détermination de plomb, et avait toujours obtenu ce qu'elle voulait. Suffisamment tenace pour survivre et récupérer les morceaux du poulet géant. Suffisamment bonne marchande pour nous dégoter une place sur ce navire, et avoir un accès privilégié à la cabine du capitaine de surcroît. Suffisamment douée pour me battre à l'épée, même si c'était moi qui avait cédé au final. Et puis suffisamment séductrice pour être repartie avec ces deux types à la fête.

Oh bon dieu, Oscar Domnhall. Tu réagis exactement comme une jouvencelle de seize ans qui fantasme encore sur le prince charmant, l'unique et véritable amour et toute cette ribambelle de connerie. T'es le premier à aller courir la gueuse dans les bordels quand l'envie t'en prend, et là, tes questions morales te hantent à ce propos. Tu le sais pourtant, que le monde tourne rond et qu'un conte de fée tourne en boucle. Que tout le monde est libre de faire ce qui lui plait sans avoir de compte à rendre à personne. C'est même pas le vrai fond du problème, en plus. Bah, tu t'attaches trop aux gens, comme toujours. T'as beau essayer de créer une distance avec eux, tu finis toujours par te prendre d'affection pour le premier venu. Et tu passes ton temps à craindre qu'il arrive du mal à ces personnes. C'est peut-être ça justement, qui te fait aller dans ces bordels, pour éviter de revoir quelqu'un plus d'une fois, de t'attacher et de savoir pertinemment que tu feras ton possible pour protéger cette personne envers et contre tout. T'as juste peur. Peur de souffrir, peur de voir les gens partir, mais aussi la peur de te retrouver seul. Peur de toi, finalement. De ce que ton don te réserve pour l'avenir. Que se passerait-il après tout, tu finissais par vivre pour toujours, en voyant passer des gens naître, vivre et mourir alors que tu restes coincé dans cet immobilisme ? Tu verrais tes amis partir les uns après les autres. Tu finirais par ne plus vouloir t'attacher à quelqu'un. Tu finirais par te retirer du monde, sachant pertinemment que si tu tentais de mettre fin à tes jours en bloquant ta capacité à guérir, quelqu'un finirais forcément par te sauver, dix jours, dix semaines, dix ans, dix siècles plus tard. Tu finirais quelque part comme un vieux con, surement dans sa caverne dans la glace, à regarder les âges passer sans rien demander au reste du monde.

Mais là, à refuser, c'est justement ce que tu crains le plus que tu risques d'amener toi même. Vas-y, continue à te défaire des gens, à ériger des murs entre toi et eux, et c'est bien ce que tu finiras par gagner. Tu finiras chevalier solitaire, comme ceux qui te faisaient tant rêver quand t'étais gosse, et qui pourtant commencent peu à peu à t'effrayer au fur et à mesure que tu te rends compte à quel point tu leur ressembles.

"- J'ai gagné un ami au détour d'une fête, je ne le perdrais pas au détour d'une nuit. Ce que je veux n'est pas ce que tu veux, en particulier sur le sujet précis qui te traquasse tant. Mon preux chevalier, tu es sensé être ma conscience, mais tu restes un homme intéressant, autant physiquement que mentalement. Si un jour on m'avait dit que je m'acoquinerais avec un noble, j'aurais craché ma bière au visage de celui qui aurais osé proféré pareille profanation à mon égard."

Et elle termina sa tirade par la citation d'un vieux général Bharkanien. Une homme très respecté dans le milieu, plus pour le barouf retentissant autour de ses victoires que pour la subtilité de ses stratégies. Elle ne m'aidait absolument pas à prendre un décision, malgré les flatteries. Je ressortait à mon tour une réplique tirée d'un vieux livre de guerre.

"Sauf que le pire des tueurs peut être tourné en conquérant, à condition d'avoir un bon barde, des gens un peu crédule et assez d'argent pour s'acheter une réputation."

Mais que pouvaient bien importer des vioques grabataires et leurs bouquins poussiéreux ce soir ? Il y avait bien plus important à discuter ici que de deux pauvre pommes ayant passé leur vie à guerroyer et à écrire des bouquins traitant de comment se foutre sur le coin de la gueule en ordre et en finesse. J'avais devant moi une femme qui me plaisait vraiment et qui de surcroît m'invitais dans son lit, mais plus le temps passait plus les raisons de ne pas céder à la tentation s'accumulaient, s'effritant toutes peu à peu sous le poids de cet empilage hasardeux. Elle même commençait à en citer, des bonnes raisons de ne pas me laisser guider par mes pulsions et de rester cloîtrer dans le rôle du chevalier sans peurs ni reproches. Conscience. Preux chevalier. C'est elle même qui m'avait demander de jouer ce rôle et à plusieurs reprises déjà. Était-il vraiment possible de combiner ces titres avec celui d'amant ? Était-il moral de mettre au clou les attentes d'une personne pour combler ses propres désirs ?
Jusque là, cela ne paraissait n'être rien d'autre que de l'égoïsme.

"- Enfin. Merci du compliment. Enfin, je crois ?" Je concentrais mon regard au large, sachant pertinemment qu'elle, elle attendait une conversation en face à face. Mais j'allais avoir besoin d'une élocution parfaite maintenant. Pas question de bredouiller. Me raclant la gorge, je me lançais. Tu sais, c'est pas tellement une question d'honneur qui me retiens. Que le royaume sache à propos de mes coucheries, de me retrouver avec un gamin sur les bras ou bien qu'on me prive de mon titre, de mon épée ou de tout ce qui est possible, peu m'importe. Je resterais celui que je suis. Et c'est bien ça justement."

Ravalant ma salive, je lâchait le bastingage, un dernier coup d’œil à l'étendue d'eau glacée qui s'étendais devant moi. Je pris mon courage à deux mains. Maintenant face à elle, je plongeait mon regard droit dans le sien, quitte à finir carboniser par les flammes de ses pupilles. Pour aller là où je voulais en venir et pour en finir avec cette histoire, ce n'était pas là peine de tergiverser pendant des heures, deux mots seulement auraient suffis, mais je tenais à ce que les choses soient bien claire. Autant pour elle que pour moi.

"- Selon toi, quelles sont les plus grandes peurs humaines ?" Je lui laissait un peu de temps pour réfléchir, mais pas suffisamment pour formuler une réponse, reprenant tout de suite."Mourir, perdre sa famille et ses proches, et très certainement aussi ne pas savoir de quoi demain sera fait. Enlève la capacité de mourir à un humain, et qu'est ce qu'on obtiens ? Les mêmes, celle de voir périr ses proches au top, et une nouvelle, qui émerge peu de temps après avoir compris le mécanisme du retour à la vie.  Voir les autres partir avant moi. Savoir que peu importe le défi, je serais le seul à me relever au milieu du champ de cadavres."

J'avais chaud. La température du nord s'adoucissait peut-être au niveau des côtes, mais bon dieu ce que j'avais chaud. Une chaleur presque insoutenable, et c'était bien son regard qui me faisait cet effet là. Un regard de braise qui ne laissait rien transparaître. Ou alors j'était une bille totale pour deviner ce qu'elle pouvait bien penser. C'était comme si elle s’apprêtait à me foudroyer d'éclairs de flammes, quelque soit la réponse. Pour tout vous dire, niveau flammes, je me ressentais plus à l'aise face au regard d'un dragon. Mais je m'obstinait quand même à le soutenir. Ce que je m’apprêtais à dire allait à l'encontre de la plupart de mes principes et de mes envies, et ça allait être dur à aborder. Et même déterminé à faire ce qui devait être fait, j'hésitais encore à ne pas suivre l'autre choix qui m'étais donné. Du courage. Beaucoup de courage.

"- Je ... Je commence à t'apprécier suffisamment pour ne pas avoir envie de te perdre. Que ce soit d'une manière ou d'une autre. Et justement, en tant que conscience, il ne me parait pas très avisé de déborder trop de mon rôle. Hmm, désolé de t'avoir fait gaspiller une bouteille de ta mixture pour rien. Mais les choses seront mieux ainsi, je pense."

D'un ton froid, je finissait le regard fuyant dos tourné vers l'autre coté du navire, à regarder les lumières de Madelune. Je n'avais pas réussi à soutenir son regard plus longtemps, mais au moins, c'était dit. Les choses étaient claires. Nos deux honneurs respectifs intacts, et je resterais dans mon rôle de chevalier protecteur. Et mon premier acte en tant que tel, dégager tout mon matériel de la cale pour lui laisser de la place, et tout rapporter quelque part sur le pont. Dans cette optique, je me dirigeait d'un pas décidé vers l'escalier menant à l'intérieur du navire. Ainsi allait être Oscar Domnhall. Un homme austère, ami loyal, servant et conseillant avant tout, et faisant passer l'honneur avant ses désirs personnels.
En descendant, je lançais un dernier coup d’œil à la demoiselle. Elle s'était retournée et regardait maintenant à son tour l'océan.

Et je m’arrêtais net. Au diable toute ces conneries après tout.

Faisant volte-face, je regagnait le pont d'un bond, et d'un pas plus décidé que jamais, je retournais vers la chasseuse. Arrivé à sa hauteur, je l'attrapais par la taille, la tournais vers moi et sans laisser de temps pour penser ni à moi ni à elle, je déposais un baiser sur ses lèvres. Une seconde, dix secondes, une minute peut-être. J'en avais envie. Et à moi d'une grande claque dans les dents, je comptais bien continuer de faire comme je l'entendais, et de continuer à poser mes lèvres partout sur le reste de son corps.

Mais je finis par me rendre compte de ce que j'étais en train de faire. Doucement, je me retirais, me repliant de quelques pas. Trop tard pour faire marche arrière maintenant. Trouver une répartie. Vite, une répartie.

Oh. Je sais.

"... Bon, ben voilà voilà." Super. Rajoute c'était sympa, et tu finiras comme le pire des clichés. Du peps, nom de dieu ! Montre que t'en as une paire ! "Hmm ... Finalement, je pense que tu me dois un match retour, pour tout à l'heure. D'autant que le dénouement n'était pas très équitables. Que dirais-tu de remettre ça, toi et moi en face à face, sans arme et dans un endroit un peu plus discret que ce pont ?"
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MessageSujet: Re: L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda]   L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda] - Page 2 EmptyMar 23 Juil - 1:01

Je regardais le morceau de tissus s'envoler doucement vers le large. La destruction est quelque chose que j'ai su élever au rang d'art. Voir ce petit bout de tissus tourbillonner doucement dans le vent marin me rappelait à quel point l'art est fantastiquement éphémère. La destruction, elle, reste fantastiquement irréversible. Mais pas pour ce cher Oscar. Détruit, reconstruit, délabré, remonté... Increvable. Destructible à volonté. Je pense, dans un sens, que c'est ça plus qu'autre chose qui m'attirait sur lui. Arriverais-je à le fatiguer ? J'avais réussi a mettre tous mes amans sur les rotules jusque-là, Hommes comme Femmes. Oscar me fascinait. Un tel bloc de muscle et de sex appeal incitait forcément à l'envie. Bon. Il fallait que je calme ma libido si Oscar n'acceptait pas de tenter l'aventure. Au nom du dieu des loups, pourquoi avais-je cet appétit cruellement insatiable concernant le sexe ? Je faisais avec la plupart du temps, mais pour le coup, c'était intenable.

Oscar me cita la suite de la phrase que j'avais lancée sans raison. Et cultivé, avec ça, le bougre. Gni. Bon. Se calmer. J'écoutais Oscar me présenter son refus à la façon d'un gentleman. Ses explications étaient tout à fait logiques. Le chevalier n'avait pas forcément peur de ce que je pensais -comme tous les nobles, je pense que ça lui faisait quand même peur que de se retrouver avec un bâtard sur les bras- mais d'une chose que je n'avais pas envisagée. Son pouvoir état d'une puissance rare. Une forme d'immortalité passive. Et comme tout bon immortel, il verrait le monde vivre et mourir plusieurs fois. En bon immortel, il en deviendrait certainement fou. Combien de contes et légendes parlent de personnes cherchant à se soustraire à leur immortalité durement acquise ? Pierre philosophale, magie ou technologie, les légendes définissaient assez bien les moyens d'obtenir la vie éternelle. Mais personne n'a jamais parlé du moyen de s'en débarrasser.

Après réflexion, je voyais maintenant le pouvoir d'Oscar aussi bien comme une malédiction qu'une bénédiction. La bénédiction d'être increvable au combat, de pouvoir rater une acrobatie au dessus des toits de Bharkan, de pouvoir être insensible aux maladies... Mais d'un autre côté, voir mes loups mourir un à un serait la pire torture que je puisse éprouver... Voir le monde mourir ne me dérangerait plus trop après ça. L'immortalité, ça fait salement réfléchir. Oscar continua son monologue de refus en reportant les arguments de la conscience. C'était judicieux. Une conscience n'a pas à fricoter avec la personne qu'elle protège des débordements. Malgré tout, l'homme restait un objet de désir fascinant. Bwah. Ce n'était pas la première fois que j'essuyais un refus, cela ne me faisait pas grand-chose. Et puis je préférais une amitié sincère. S'il ne me désirait pas, j'arrêterais simplement de lui rentrer dedans.

Ma petite potion est à prendre régulièrement, fis-je, toujours accoudée au bastingage. Ne crois pas que je ne me destine qu'à toi, les sentiments n'ont rien à faire dans la vie d'une mercenaire, sans vouloir t'offenser. Je prends ça comme un jeu, terminais-je en matant de façon éhontée le postérieur musclé du chevalier.

Je me retournais pour éviter d'avoir à lui arracher son pantalon avec les dents et regardais les lumières de Madelune s'éloigner au petit matin. À vrai dire, je n'avais pas envie d'abandonner aussi facilement l'idée de m'amuser un jour avec Oscar. J'en avais très, très envie, et j'obtenais en général tout ce dont j'avais envie. Et j'avais souvent envie de n'importe quoi. Souvent de me battre. Encore plus souvent de dormir en compagnie d'inconnus de tout sexe et de tout bord. Et encore plus souvent de forger. Perdue dans mes pensées, je n'entendis pas mon ami arriver de nu pas rapide vers moi. Je fus surprise quand il m'attrapa par la taille et colla ses lèvres contre les miennes. Normalement, mes sens sont en alerte n'importe quand. Le fait de me trouver sur un navire en bonne compagnie ne devrait pas me rendre aussi molle. Enfin, ce n'était pas grave. Pour le coup, une sorte de sentiment bienheureux se rependit dans mes tripes. Le baiser dura un certain temps. Assez de temps pour cacher la dague que j'avais dégainée en pensant a une agression quand Oscar m'avait attrapée par la taille. Il me lâcha au bout d'un moment, que je trouvais trop court. Malgré tout, j'aime bien les bisous.

"... Bon, ben voilà voilà... Hmm ... Finalement, je pense que tu me dois un match retour, pour tout à l'heure. D'autant que le dénouement n'était pas très équitable. Que dirais-tu de remettre ça, toi et moi en face à face, sans arme et dans un endroit un peu plus discret que ce pont ?"

"Un seul match retour ? Ton pouvoir serait-il impuissant face à moi, Chevalier ?"

Avec un sourire, je le pris par la main et descendit vers la calle. Ça allait être amusant.

____________

Je me réveillais doucement, les cheveux devant les yeux, un peu revigorés par tout ce qu'il s'était passé durant les dernières heures. Je garderais ces souvenirs pour moi, pour ne pas choquer les plus jeunes, mais sachez qu'Oscar est la seule personne à m'avoir épuisé. Vraiment. C'est un terrible compliment qui place la barre haute pour mes futurs amans. Pour l'heure, je profitais d'un repos bien mérité, ma tête doucement appuyée sur la poitrine de mon ami et aman. Je soufflais sur une mèche de mes cheveux pour dégager la vue du reste du corps du mastodonte et je souris en repensant à la folie du moment. D'abord timide, il avait fini par être très entreprenant. Et d'une grande maitrise, malgré son probable manque d'expérience. Un grand moment.

Nous avions du batifolé et dormir durant un peu moins de deux ou trois heures. D'après la lune et les étoiles, il devait-être vers es sept heure quand nous étions partis nous isoler sur ce petit hamac. Il ne devait pas être plus de dix heures au moment ou je tentais de rassembler assez de force pour me relever sans réveiller mon immortel préféré. Je n'u pas spécialement le temps de réfléchir a la façon de procédé.

"HEY HO LES TOURTEREAUUUUUUUX ! Lança une voix hurlante à travers la porte, me faisant me redresser d'un bon pour chercher une dague de jet. À la soupe, il est midi passé !"

Bon. Je n'avais jamais été très douée pour deviner les heures, de toute façon. Je reposais ma dague dans un souffle et partie à la recherche de mes sous-vêtements pendant qu'Oscar émergeait. Patauger les pieds dans l'eau froide au font d'une calle en recherchant ses vêtements disparut quelques minutes après son réveil est une expérience relativement traumatisante. J'avais froid, nom d'un louveteau. Je retrouvais mes sous-vêtements au dessus une pille de caisse. Au moins, ils étaient secs. Je ne pouvais pas en dire autant de mes chaussettes qui baignaient dans l'eau juste en dessous. Bon. J'enfilais mon pantalon, retrouvé a l'autre bout, sur un petit coffre de bois, puis ma chemise et ma veste de cuir, eux aussi sec et bien en hauteur. Nous avions bien fait les choses. J'enfilais mes bottes -tant pis pour les chaussettes, je n'en mettrais pas- et récupérais les affaires d'Oscar que je lui jetais en boule à la figure.

"Debout, grosse marmotte, fis-je en lui déposant un bisou sur la joue. J'ai faim et je ne compte pas affronter les regards condescendant et envieux des marins toute seule. Même si ça ne me dérange pas, rajoutais-je. Allez, debout."
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MessageSujet: Re: L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda]   L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda] - Page 2 EmptyMar 23 Juil - 21:50

D'instinct, j'essayais de me rouler en boule sous les draps afin d'avorter l'inevitabilité du réveil. Mais j'avais beau gesticuler dans ce foutu hamac, pas moyen de changer de position, comme si il y avait un contrepoids qui ... Oh, oui, c'est vrai. Ouvrant difficilement un œil, je constatais la présence de longs cheveux dorés sur mon torse et d'une main. Bien plus fine et plus douce que les miennes. Il y avait une bouille d'ange à demi assoupie sur mon épaule, aussi. Elle était tout de même moins menaçante comme ça, dans cette semi-torpeur, à baver sur mon épaule, mais la probabilité qu'elle ai caché de quoi couper une gorge à proximité et qu'elle se lève d'un coup en cas de danger pour défendre énergiquement sa peau ne m'étonnerait même pas. Lorsqu'on est vif, peut importe le moment, on le reste. C'était une autre histoire en ce qui me concerne. En cas effectif d'une attaque de si bon matin, j'aurais très certainement le temps de recevoir quelques coups avant d'être complètement opérationnel. Et puis je ronflais trop fort pour entendre quoi que ce soit autour de moi, de toute façon.

"HEY HO LES TOURTEREAUUUUUUUX ! À la soupe, il est midi passé !", gueulait-on derrière la porte. De loin je pu même l'entre rajouter Cornichon, oeuf dur, 'y en auras pas pour tout le monde ! Rah, mais qu'est ce qu'il avait à venir brailler de si bon matin, celui-là ? Y a même plus moyen de se reposer tranquillement ?

Comme prédit, Melinda se dressa d'un coup dans la couchette, une paire d'oreilles de loups que j'imaginait aux affûts sur sa tête. Et avec une lame, bien évidemment. Elle bondit hors du hamac. Moi, je manquais de peu de me retrouver le nez par terre, si ce n'était sans compter sur mes extraordinaires talents d'acrobates, qui me permirent de retrouver l'équilibre en me redressant d'un coup sec les pieds par terre. Et je retombais lourdement le cul sur la toile du hamac. La nuit avait été à la fois reposante et crevante. Fatiguante, parce que bien que nous n'ayons pas déplacé des meubles toutes la nuit, nous avions pas mal bougés, reposante, parce qu'on se repose toujours mieux après avoir accumulé de la bonne fatigue. Frottage des yeux, bâillements, grattage de tête, re-bâillement plus fort cette fois, je passais ma main un peu partout sur ma nuque et autour de mon cou, pour me décrasser un peu les articulations. Mes cervicales claquèrent un bon coup et continuèrent à crépiter après quelques moulinets de tête. Courbatures, douleurs diverses et un léger début de torticolis. Sous mes doigts, je ne ressentais rien d'autre qu'une peau un peu rugueuse et trempée de sueur, la vieille cicatrice qui me barrait le coup, mais rien d'autre. Je sentais bien encore quelques traces de dents dans mon coup et des griffures dans mon dos. Mais là non plus, pas la moindre égratignure. Rien de plus qu'une panoplie de sensations fantômes n'ayant plus raison d'être. J'avais déjà remarqué cette étrangeté avant. La blessure se referme et la douleur reste. C'était comme les courbatures. Avec l'âge et l'habitude de porter tout un bardas pesant la moitié de mon poids toute la sainte journée, il était fréquent que mon dos se bloque de temps à autre lorsque je forçais un peu trop dessus. Et pour le coup ... Enfin. C'était amusant de voir comment mon corps et mon pouvoir s’entremêlaient : tout ce qui n'était pas fait naturellement guérissait, le reste, si ça venait de mon corps, restait. Ces problèmes de dos ou mon besoin de lunette lorsque je lis pour éviter de me fatiguer les yeux étaient les seuls difformités dont je souffrais, et je doutais fort du taux de réussite si jamais je m'arrachais les yeux et la colonne vertébrale pour en avoir d'autres tout neufs et en parfait état de marche. Je ne me plains pas, mais si j'arrivais à contrôler ce pouvoir de manière à faire disparaître certaines blessures plus lentement que d'autre, je serais bien content. C'était peut-être crétin, mais une séance d'entrainement torse nu sur le pont suçons, griffures et traces de morsures saillantes avait cela d’intéressant qu'elle susciterait une certaine jalousie masculine qui serait ma foi bien plaisante. Mais bon, au final, dans la balance, être capable de guérir de tout et n'importe quoi pèse bien plus lourd que ma petite fierté.

D'autant que je n'avais pas à me plaindre. Le réveil était peut-être rude, mais quel spectacle ! Avec ne paire de fesses fermes, blanches et rebondissantes pour vous souhaiter une bonne journée tout les matins, une éventuelle vie éternelle ne me paraissait pas si difficile à supporter. Visiblement, la chasseuse jouait à retrouver ses affaires. J'en voyait bien quelques-uns de là où je me trouvait, mais ne disait rien, préférant de loin admirer les courbes gracieuse de la demoiselle virevolter au fil de ses allers et retours dans la carrée pour ne pas ressentir la moindre envie d'écourter le spectacle. Elle me fit même l'honneur de ramasser les miennes avant de se rhabiller. Pas encore tout à fait réveillé, je loupais le coche et une boule de linge me frappa en pleine tête.

"Debout, grosse marmotte. J'ai faim et je ne compte pas affronter les regards condescendant et envieux des marins toute seule. Même si ça ne me dérange pas, rajoutais-je. Allez, debout"

Je répondais d'un grognement sourd entre le "oui" et le "gnah" typique des réveils trop hâtifs pour que mon corps ai le temps de se coordiner avec mon cerveau correctement. Elle en avait de bonne, elle. C'était de sa faute si j'étais dans un état de fatigue pareil. On à pas idée de défier un homme à l'épée, de le mener dans une longue bataille puis de refaire la même chose mais dans le privée ... Bah, au moins, j'avais eu un bisous. Le spectacle était terminé, et il était grand temps de s'activer un peu. Décidant de m'habiller à mon tour lorsqu'elle eu fini d'enfiler le haut, je me levais d'un bon, galvanisé par l'idée d'admirer les regards dépité des matelots en me voyant en compagnie de la belle, avec chacun de si petits yeux. Galvanisé par l'idée - et par un lourd grondement de ventre - j'enfilais pantalon, bottes et une vielle chemise pour agrémenter le tout. Au programme aujourd'hui : repas, puis sieste quelque part. Réveil en fin d'après-midi, casse-croûte, lecture de quelques pages des livres qui traînaient ici et là dans mes sacs et dodo. Pas très mirobolant pour un chevalier, mais pour une fois que l'avancée du voyage ne dépendait pas uniquement de ma propre volonté, j'avais bien le droit de glandouiller à ma guise. La descente durerait entre quatre jours et une bonne semaine, tout dépendra du vent, de la glaciation de certains endroits de la mer et de l’avancement des icebergs, si je me rappelais bien les paroles des quelques membres d'équipage avec qui j'avais eu l'occasion de discuter. Suffisamment de temps pour se requinquer un peu avant de mettre pied à terre une fois arrivé à Milkaun.

Ne faisant pas plus attendre la demoiselle habillée depuis déjà un petit moment, j'ouvris la porte de la cale, la gratifiant d'une courbette, d'un baisemain et d'une légère main aux fesses à son passage, puis la suivait à travers les entrailles du navire, marchant d'une manière entre le normal et le titubement. Le navire devait avoir appareillé sans qu'on s'en aperçoive, et maintenant que j'étais debout je me rendais bien compte du roulis s'exerçant sur la coque. C'était un sentiment léger mais assez perturbant, de savoir que la base en dur sur laquelle vous marchez n'est rien d'autre qu'un simulacre de sol, ballottant au bon gré de l'eau. C'était un peu comme marcher sur un pont de liane. Pas très stable, remuant. Et pas rassurant. Bah, rien d'autre que la sensation de faim et de fatigue combinées, ça passerais bien dans un moment.

Ou pas. L'air marin, la vue de rien d'autre sinon de l'eau autour du navire, c'était trop pour moi. Je fis un sourire à Melinda, histoire de faire bonne figure, puis je titubant vers la muraille du navire - sur laquelle je m'affalais, la tête en avant - je ... J'exprimais mon tout nouveau mal de mer.

"Je vais bien, je vais bien ... M'attend pas, va manger, ça ira ... J'ai pas si faim que ça, en fin de compte."

J'accompagnais mes paroles de quelques gestes de mains, histoire de lui signifier qu'elle pouvait me laisser un petit moment ici sans trop de crainte que je ne bouge trop avant son retour. Si, le temps du repas, j'irais peut-être récupérer ma paire de lunettes ainsi qu'un ou deux bouquins dans mon fourbis et je remonterais ici. Il parait que se concentrer sur un point fixe aide à faire passer le mal de mer. C'était ma première virée en haute mer, après tout.
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MessageSujet: Re: L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda]   L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda] - Page 2 EmptyMer 24 Juil - 18:32

Une main aux fesses et un escalier plus tard, je retrouvais un Oscar penché par-dessus bord, vomissant tripes et boyaux malgré son ventre vide. Bah. J'avais été dans des états pires que ceux-ci après des cuites monumentales et entreprendre une traversée en bateau fait cet effet-là à tout le monde la première fois. Il n'était pas évident de faire attraction du roulis constant, de la vision de l'eau à perte de vue et de l'air chargé d'iode. C'est un combat de tous les instants pour ne pas sombrer dans un mal de mer réciproque. Je décidais quand même de me moquer un peu quand il me demanda de m'en aller.

Ton ventre gronde aussi fort qu'un loup, mon cher, alors si tu n'as pas faim, je suis encore vierge, fis-je dans un grand rire moqueur. Essais de retourner dans la calle, le roulis y est moindre, continuais-je sur un ton un peu plu sérieux. Pour une fois , je peux bien jouer les gentilles bonnes femmes et t'apporter un plateau-repas, ça me comptera pour ma bonne action de la journée.

Je partis d'un petit pas guilleret vers la fille d'attente qui se pressait devant la marmite bouillante sur le pont. Il était d'usage de faire la cuisine en plein air avec de pouvoir éteindre facilement un feu. Et puis ça évitait les odeurs insupportables dans tout le bâtiment. Après quelques minutes d'attente, je récupérais un grand bol rempli d'une double ration, avec un clin d'œil de la part du cuistot, et ce fut certainement pour mes beaux yeux que j'eus droit à un petit sifflement une fois que je me retournais pour manger en compagnie du capitaine, accoudé à la barrière entourant le bateau. Il me céda une place à ses côtés avec un sourire.

Nous parlâmes un certain temps, assez conséquent en vérité. Je voulais en apprendre plus sur cet homme qui avait la même lueur que moi au fond des yeux. Assez peu réceptif au départ, il se montra un peu plus enjoint a parler quand je lui racontais une petite partie de mon histoire. Je gagne toujours, même si je dois en dévoiler un peu. Jiaz était donc un ancien ecclésiastique, assez haut placé, du culte du Tout. Si mes souvenirs sont bons, le culte du Tout ne se réfère à aucun dieu en particulier et se permet de les adorer tous de la même façon. Pas question de choisir entre des dieux radicalement opposés, mais plutôt les prendre comme deux choses dont on a besoin. Les gens d'Église sont des personnes bizarres. Je lui en relevais un peu plus sur mon histoire pour qu'il me dévoile pourquoi il était devenu capitaine.  

Ma question fut interrompue par l'arrivée du chat du navire. Posséder un chat sur un bateau est une chose sage. Il chasse les rats qui pourraient endommager cordage et boiseries, et il porte chance. D'après les marins du monde, si un navire prend l'eau sans un chat à bord, il est voué à se briser et à sombrer au large. Je récupérais le gros matou, une sorte de boule de poil énorme -la chasse au rat devait être fructueuse- qui avait l'air content d'être ici. Mon petit pouvoir de communication avec les animaux fonctionnait à la perfection en ce beau jour de navigation. Le chat s'appelait Minerve et il avait toujours vécu avec Jiaz.  Je le caressais un peu, vérifiant avant qu'il n'ait pas de puces ou d'autre vermine, puis le laissais ronronner doucement dans mes bras. Je reposais ma question au Capitaine.

Il avait décidé de prendre la mer suite à une petite erreur de parcours. En effet, même haut placé, il avait quelqu'un au-dessus de lui qui ne respectait pas vraiment les préceptes de l'église, s'enrichissant sur le compte des pratiquants. Jiaz prit une décision radicale et dénonça, malgré ses vœux l'incitant à ne jamais révéler ce qu'il se passait dans les rangs ecclésiastes, les actions de son supérieur.  Malgré sa bonne action, il fut remercié et quitta l'église avec une bonne dose de rancœur. Le soir même, il assassinait les trois personnes qui l'avaient fait virer et s'embarqua comme matelot sur un navire. Il apprit à se battre, à commander, pirater, tuer... Et i leu assez d'argent pour faire construire son propre bâtiment. Bien que toujours croyant, il préférait largement la mer plutôt que les vieux bâtiments décrépis de l'abbaye. Je le remerciais pour en avoir tant dévoilé sur lui, heureuse de savoir que la trahison ne se passe pas que chez le bas peuple -même si je le savais déjà, il n'est reste pas moins que c'est rassurant- et récupérais un bol auprès du cuistot, qui me gratifia une nouvelle fois d'un petit sifflement agaçant. Je m'en occuperais plus tard. Pour le moment, il me fallait porter de la nourriture saine à Oscar.

C'est que j'y tenais, à mon chevalier.
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MessageSujet: Re: L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda]   L'alcool réchauffe le corps, l'âme et le foie [Pv: Melinda] - Page 2 EmptyMer 24 Juil - 23:06

Des carottes. J'avais vomis des carottes alors que j'avais même pas mangé de carottes. Pas depuis ... A moins que ces petites taches oranges ne soient autre chose ?

M'enfin, c'pas très ragoutant de parler de tout ça.

C'était à ça que ça ressemblais, un lendemain de cuite ? Les gens pouvaient être si malade ? C'était un peu ... Comme si j'allais mourir. Non, rien de comparable à une lame profondément enfoncé dans le poitrail, c'était pire. La tête qui tourne. Les dents du fond qui baignent. La fièvre. Et rien qui ne se soigne tout seul. C'était ça, qu'on appelais l'enfer ?
La situation fut pire lorsque j'aperçu Melinda revenir avec un bol de .. Je ne sais pas trop quoi, d'ailleurs. Pâle comme un linge, je me forçais à avaler une bonne moitié de la soupe, aussi peu appétissante qu'elle pu être. Mais je dois bien avouer que je ne sais pas par quelle miracle j'avais évité de ne pas tout rendre d'un coup ... Son sourire, peut-être ?
____________

Le reste du voyage se fut pas plus agité que ça. Mon mal de mer perdait peu à peu son effet sur moi, et nous nous entraînâmes biens quelques fois Melinda et moi, mais c’était tout. Il le fut moins, même, si on tient en compte mon déménagement. Je laissais Melinda à fond de cale et la débarrassais de tout mon fourbi, qui se retrouva harnaché au pont dès le soir de notre "écart". Je dormi donc sur le pont, au milieu de mes bagages et ce jusque notre arrivée à Milkaun. Elle eu bien protester tout son sou, je me montrais plus têtu qu'elle. Je m'étais laissé allé une fois à mes envies une fois, pas deux. Un chevalier doit savoir rester fort dans l’adversité. Bon vous me direz, comme adversité, il y avait nettement pire que Melinda. A ma place, j'imagine bien que certains hommes d'honneurs tenus à des serments plus stricts que les miens auraient profité de l'occasion autant que possible. Au moins, lorsque l'envie commençais à reprendre le dessus sur la raison, je me félicitais d'avoir plus de force de volonté que tout ces traînes-patins. Parfois, ça suffisait juste. D'autre fois, il fallait bien que me morde la langue ou que je me plante les ongles dans la jambes pour parvenir à penser à autre chose qu'aux courbes gracieuses de la chasseuse, surtout lorsque cette dernière semblait prendre un malin plaisir à me les mettre sous le nez pour un oui ou pour un non. Rien de provoquant, mais voilà, maintenant que le mal avait été fait, il allait être dur de se concentrer sur autre chose. Et il suffisait juste que je l'ai devant les yeux pour que je l'imagine cul nu. Hmm. Résister à l'attrait d'une sucrerie est bien plus délicat après y avoir goûté - après l'avoir dévoré, dans mon cas.

Mais là où il y avait péril, il y avait également une bonne occasion d'apprendre. Vivre près d'une grande source de chaleur est le meilleur moyen de ne plus craindre les flammes, vivre dans les montagnes vous immunise plus ou moins contre le froid. Suivre Melinda me permettrait de me forger une abnégation à toute épreuve. Le jour où j'arriverais à refuser ses avances sans rougir, à ne pas la déshabiller du regard à la moindre occasion et à ne pas ressentir ce sentiment coincé entre culpabilité et gêne en repassant à cette nuit, alors j'aurais atteint mon objectif. Et je pourrais fêter ça en lui faisant du plat moi même.
Bah oui, forger sa volonté ne veut pas dire devenir chaste, non plus. C'est pas parce qu'un fumeur se décide d'arrêter de fumer qu'il a pas le droit de s'en faire une petite une fois de temps en temps.

Enfin bref. Je passais la majeure partie du voyage à lire. Traité de combat, livre des grand généraux, nouvelles fraîches du monde et mêmes quelques romans à la mode, parfois même au point de m'endormir spontanément au milieu d'une phrase. Mais je m'y remettais aussitôt que je me réveillais. Ce qui distingue le chevalier du simple porte-sabre, pour moi, c'est l'éducation. Tout adoubé qu'il soit, un crétin ne sachant rien faire d'autre qu'agiter son épée ne vaut pas grand chose. Les gardes de villes ont bien plus de valeur à mes yeux que cette bande de kikis anoblis juste pour leur prétendue force. Non. Un chevalier se doit de remplir certains critère. Ils doivent être un exemple pour les gosses quoi. Pas seulement représentés comme de vulgaires machines à abattre les monstres et à mettre en déroute des hordes de sauvages. D'où la nécessité de lire un tas de bouquins et d'au moins se tenir au courants des nouvelles récentes. Rien de bien folichon à signaler cependant, durant les quelques jours que dura le voyage.

Et nous arrivâmes enfin au grand port de Milkaun sans encombres.

Finalement, Melinda et moi, nous dûment nous quitter pour un petit moment. Elle avait quelques affaires à régler en ville, et pour ma part, j'en avais à régler dans ses alentours. Il allait falloir que je dépose mon bardas quelque part puis que je loue un cheval pour partir le soir même. Au final, le temps de faire ce que j'avais à faire ici, je serais de retour dans deux voir trois jours. Nous nous étions dis que nous quitterions la ville ensemble dans ... Bah. Cela n'avait pas d'importance, après tout.

"Quand tu auras besoin d'aide, pense à moi et j’accourrais." lui avais-je dis, un air de malice dans le regard.
Et je lui offrais en cadeau une petite amulette que sculptée dans un morceau de bois durant le voyage. Pas vraiment précieux comme présent, vous me direz. Ce à quoi je répondrais que bien qu'étant composée de bois tout à fait ordinaire, l'objet n'en était pas moins envoûté par mes soins. L'une des rares prouesses de ce genre que j'arrivais à faire intentionnellement. Le fonctionnement était simple : le détenteur de l'objet n'aurait qu'à penser à moi un bon coup en le tenant dans ses mains pour me transmettre par un message télépathique, et moi, je n'avais plus qu'à faire le reste.
Puis vint le moment des au revoir. J'avais juré de me contrôler, mais bon, j'imagine qu'il n'y avait rien à faire. En dernier cadeau, je lui fit juste un gros câlin avant de partir de mon coté. Bah quoi ? Ne pas céder à la tentation n'exclut pas un petit câlin de temps en temps.

Oh, et puis merde, hein.
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