Les nuages déversaient des quantités d’eau impressionnante sur la terre. Dans les rues, les personnes armées d’un parapluie marchaient tranquillement alors que les autres se pressaient pour se mettre à l’abri. Un certain jeune homme aux longs cheveux blonds ramenés en une queue de cheval marchait calmement tenant un grand parapluie bleu marine au dessus de sa tête. Il n’aimait pas la pluie car ses longs cheveux trempés lui donnaient un air de cocker, il ne manquait plus que l’odeur de chien mouillé. Fort heureusement, aucune odeur étrange et désagréable n’émanait de son corps. En ce jour pluvieux, il lui était impossible de s’allonger dans l’herbe pour papoter avec le petit félin qu’il aimait invoquer. Alors, il passait le temps en se promenant un peu, évitant soigneusement les flaques d’eau pour garder ses chaussettes sèches.

Edward sortit d’un petit chemin de village, s’engageant dans un chemin de terre menant vers une petite forêt. Attaché à la nature, il ne pouvait que se rendre par ici. Il serait peut-être un peu plus protégé par le feuillage dense de la forêt. Pourtant, il lui était impossible de ranger son parapluie car la pluie sembla tomber encore plus drue. Le jeune homme soupira et s’apprêta à faire demi tour lorsque son regard fut attiré par une silhouette assise sur une buche. Son pas se stoppa et il resta un instant immobile, observant de loin cette silhouette. Il hésitait à la rejoindre, indécis quant à la rencontre qui s’en suivrait. Mais finalement, il se lança en faisant un pas en avant.

Il marchait désormais vers elle, s’approchant doucement de cette ombre. C’était une demoiselle quoiqu’il fut assez difficile de s’en rendre compte en regardant seulement son visage car ce dernier était caché par une épaisse tignasse. Il s’en rendit compte, en baissant les yeux, que cette silhouette avait une poitrine et qu’elle ne pouvait être qu’une dame. Edward fourra sa main dans sa poche alors que sa comparse tenait toujours le parapluie. Il se retrouva bientôt devant elle, jeta un regard furtif sur son style vestimentaire plutôt spécial avant de s’intéresser à nouveau à son visage encore caché. Il prit la parole pour la tirer de ses rêveries.

« - Bonjour ! » Lança-t-il. « Vous allez prendre froid. » Dit-il simplement.

Le jeune homme ne remarqua les larmes sur les joues rosées de son interlocutrice seulement quand celle-ci le toisa d’un regard dédaigneux pendant une dizaine de secondes. Il ne sut pas comment l’interpréter, n’étant pas souvent confronté à ce genre de situation. Un sourire plus franc étira ses lèvres rosées et il laissa la jeune femme prendre la parole d’une voix, et surtout d’une manière de parler, assez particulière. Il n’entendait pas souvent les gens parler de la sorte et lui-même ne parlait pas ainsi.

Mais, un homme marchant dans la forêt et abordant de jeunes filles dans la forêt… Mère m’a maintes fois mise en garde contre les individus de ce genre ! Fichtre, j’ignore comment m’en protéger ! Que faire ?

Edward échappa un rire qu’il étouffa en posant sa main sur sa bouche presque immédiatement. Il ne voulait surtout pas qu’elle le voie comme un imbécile qui se moquait de jeunes filles dans son genre. Mais, c’est qu’il n’avait vraiment pas l’habitude d’entendre les gens parler de cette manière. Il resta un instant interdit, ne sachant pas trop quoi répondre puisqu’elle venait de le traiter de pédophile d’une manière très détournée. Avait-il vraiment un air d’ours voleur d’enfant ? Aux yeux de cette femme, il semblerait que oui.

« - Je ne suis pas dangereux ! » S’exclama-t-il d’une voix quelque peu courroucé.

Il se serait sincèrement gifler pour ne pas avoir répondu quelque chose de plus convaincant mais il en resta là, un peu désarçonner par le regard de la demoiselle. Celle-ci reprit la parole, le saluant poliment cette fois-ci. Peut-être n’avait-il pas tout perdu finalement.

Bonjour. Vous ne m’apprenez rien mon brave. Je rentre d’ailleurs chez moi de ce pas.

Il fut surpris de la voir se lever après avoir fini sa phrase. Elle restait toujours sous la pluie et l’eau dégoulinait sur ses joues, cela lui donnait un air un peu misérable. Il ne savait pas comment la rattraper alors qu’elle s’éloignait en claudiquant. Il était justement en train de se demander s’il ferait mieux de la suivre ou de repartir de son coté quand la jeune femme se retourna vers lui pour reprendre la parole d’un air suffisant qui n’allait pas vraiment avec son état actuel.

Connaissez-vous par hasard la sortie de cette belle forêt ?

Edward rattrapa les quelques mètres qu’elle avait parcourut à grande enjambée et vint lever son parapluie au dessus de la tête de sa comparse, lui offrant un léger sourire, bien décidé à montrer qu’il n’était pas un ours pédophile. Il lui montra de la main la direction qu’il avait pris pour venir, trouvant cela plus judicieux de retourner sur ses pas que de chercher une autre sortie.

« - Je pense que si nous revenons sur mes pas, nous pourrons en sortir assez rapidement. » Répondit-il poliment essayant d’adopter une bonne conduite.

D’un geste mal habile, il replaça l’une de ses mèches blondes derrière ses oreilles et l’invita à le suivre. Il prit ainsi le pas et lui offrit son bras en guise d’appuie si elle en avait besoin. Il hésita à le proposer à vive voix, imaginait qu’elle le regarderait d’un air détestable, soufflant furieusement par le nez en lui lançant un « je n’ai pas besoin de votre aide, malheureux ! », mais il se lança quand même.

« - Vous pouvez vous appuyer sur moi si c’est nécessaire, mademoiselle. » Dit-il en lui offrant un sourire un peu gêné.