Revenir en arrière permet parfois d'avancer. C'est quand les sentiments du passé refont surface que l'on sait vraiment qui nous sommes. C'est sur ce territoire qui ne m'est pas inconnu que j'ai découvert de nouvelles choses. L'amitié, l'entraide, la compassion, voilà ce que je voulais connaître, dans cette ville... Ces choses, je les ai trouvées.

Bharkan, la capitale du royaume de Seraph. Une ville agitée où l'activité est permanente, voilà comment je la définirais. Je la connais parfaitement, j'y ai vécu tant d'années ! Je n'ai jamais réellement compris pourquoi tout le monde l'adorait, surement parce que personne n'y voyait les mauvais côtés. Moi, je connais tous les aspects de cette cité. Je sais à quel point le travail y est difficile en hiver, jamais plus je ne veux avoir à passer cette saison ici. Dans cette si merveilleuse cité, il y a également de bons comme de mauvais individus. Mais surtout, en ces murailles, il y a mon passé. Un passé que j'ai fui il y a de ça des années, un passé que j'ai voulu oublier à tout prix, un passé qui m'a fait souffrir. Alors... Pourquoi suis-je ici ?
A vrai dire, même si je n'ai que très peu de bons souvenirs dans cette ville, je m'y sens comme chez moi. Je ne l'ai jamais vraiment détestée, après tout, c'est ici que je suis né. C'est sous ce ciel que j'ai grandi, pleuré, rigolé même parfois. Cet endroit, il est unique à mes yeux.

Après avoir soufflé ces dernières années, il fallait que j'avance véritablement. Seul problème, je ne savais ni où aller ni comment m'y prendre. J'avais cherché pendant longtemps une occupation, un métier, quelque chose qui me plairait assez pour me distraire. Bien sûr, il y avait la musique, jamais une chose m'avait autant faite sourire que cette activité, pourtant je ne pouvais m'y consacrer. J'étais assez renfermé, l'idée de chanter devant un public m'effrayait au plus haut point. C'est cette timidité qui me bloquait. Alors, pour exercer cette passion, j'attendais de me retrouver seul, dans les bois, puis je chantais pour la nature. Cela semble très cliché dit comme ça, mais on peut penser ce qu'on veut, moi j'aime ces moments.
De plus, ce sont ces instants qui me permettaient d'admirer les paysages. Je n'étais jamais sorti de la capitale pendant 16 années, savoir que des choses aussi merveilleuses existaient m'emplissait de joie. Oui, je suis quelqu'un d'assez niais, c'est dans ma personnalité, il faut s'y faire. C'est d'ailleurs ce caractère qui m'a attiré pas mal d'amis et de soutien depuis mon départ, mais je m'égare.

J'avais donc écarté pas mal de choses qui me plaisaient, il fallait pourtant que je me trouve de quoi m'occuper. Pourtant, le temps passait et les réponses ne venaient pas, c'est là que j'eus l'idée de revenir là où tout avait commencé, chez moi. Une bonne idée en somme, surtout que j'avais appris que depuis mon départ, mes parents avaient déménagés pour partir à ma recherche, j'allais donc être tranquille. Je ne m'y rendais bien sûr pas pour me reposer et profiter de la nostalgie, j'y allais pour trouver ma voie.
Je revoyais donc, avec pleins de souvenirs en tête, ces immeubles que j'avais connus il y a 3 ans, rien n'avait changé depuis. Je passais devant ces bancs sur lesquels j'étais resté des heures assis à regarder le ciel, ces marchands que j'avais aidés en travaillant durement... Oui, c'était bien ici, ma maison.
Puis, en passant sur la grande place, je me suis rappelé de ma dernière mission. Celle où j'avais décidé pour la première fois de contrarier les plans de mes embaucheurs et avais aidé une guilde. Une guilde... Etait-ce ce qu'il me fallait ? Cette si belle image que j'avais eu d'une guilde ce jour-là, était-elle bien réelle ? Il fallait que j'en apprenne d'avantage.
C'était décidé, il était temps d'aller à la pêche aux informations sur la guilde de cette ville, qui avait surement bien grandie depuis la dernière fois.

J'étais sur la grande place, vu le monde qu'il y avait, c'était surement le meilleur endroit pour en apprendre plus sur la guilde. Mais parler à n'importe qui me faisait quelque peu peur, qui sait comment les gens peuvent réagir... C'est là que je vis une jeune fille au loin, qui paraissait avoir environ mon âge. Cela semblait plus facile, je m'approchai aussitôt d'elle pour lui demander :
"— Excuse-moi ! Euhm... Tu pourrais me renseigner s'il te plait ? Oh, peut-être que je dérange, suis-je bête !"
Malheureusement j'étais lancé, j'ai toujours eu cette impression de déranger en abordant quelqu'un, alors je m'excuse automatiquement. Oui, je suis étrange.