Homme perdu retrouvera-t-il son chemin ?

Mais où est passé cet idiot ? Je regardais autour de moi, des gens et encore et toujours des gens. Tous humains, tous mielleux et souriant. Mon visage restait de marbre, et je ne put retenir un soupir lorsque l’évidence me frappa. Je me suis encore perdu.
Cela arrive moins souvent qu’avant, vu que Zaïn est toujours là pour me guider. Mais, aujourd’hui, je crois avoir remarqué un passage vers Ayaël…et, forcément, ce-dernier m’a laissé en plan ! Rah ! Je suis toujours mon instinct, c’est le mieux pour moi…aussi, j’avais tourné à droite au carrefour. Moi qui souhaitais me rendre sous l’arbre géant pour l’observer, voir si j’y trouverai des choses intéressante pour une action de ma guilde, je me retrouve en plein dans la rue marchande et touristique principale de cette ville arbre.

Je repris mon chemin, et j’ai fini par m’installer à un petit salon de thé de plein air. Mon regard se posait et analysait les gens m’entourant. J’étais clairement irrité de perdre ainsi mon temps, mais il me fallait attendre.
Le flair de Zaïn, lorsqu’il se réveillera, me retrouvera. En attendant, commandant un thé, je demandais s’ils avaient une carte de la ville. On m’en emmena une, avec surprise, tout en me filant mon thé.
Ouvrant le parchemin contenant, peut-être, la solution à mes soucis, j’essayais de me repérer. Je suis où sur cette carte déjà ? Sérieux, on m’a apprit à lire, à parler et à écrire…mais ils auraient put m’apprendre la différence entre le Nord et le Sud ! Stupides humains…

Un merle se posa devant moi, sur le bord de ma tasse. J’haussais un sourcil en le détaillant. Qu’est-ce qu’il me veut ? Usant de mon aptitude, je perçu ses « pensées ». Il avait juste fin. Soupirant, je pris une des madeleines accompagnant ma commande et je l’effritais sur le côté. Lui intimant, mentalement, de se sustenter.
Bon, au moins, je ne suis pas dans une mauvaise période où je ne contrôle pas mon pouvoir : c’est déjà ça. Mais, d’ici, comment rejoindre l’arbre pour rejoindre Zaïn et rentrer à la maison ? Cruel dilemme que voilà…

Soudain, du bruit se fit. De la…musique ? Je me demandais ce qui se passer, lorsque je me retournais pour voir un attroupement humanoïde. Secouant négativement la tête de droite à gauche, je me permis de m’emparer de ma tasse et d’en boire une gorgée, après avoir dit :

« Stupide mélodie non-raffinée… »

Oui, j’ai des goûts de luxe en matière de musique.

Quand Tokuko avait vu sur le panneau d'affichage de la guilde la mission proposée à Milkaun, Tokuko avait tout de suite adhéré. L'enjeu était simple, et plus que largement à sa portée. En effet, il s'agissait tout simplement, dans le cadre de l'ouverture d'un nouveau salon de thé, de faire de la publicité dans toute la ville en attirant un maximum de monde lors d'une journée. Cela pouvait sembler être très simple à priori, voire indigne d'une mission de mage, mais Tokuko était du genre à ne jamais refuser d'offrir d'aider une personne dans le besoin, aussi simple la mission fût-elle. Et puis elle s'ennuyait, la plupart des autres membres étant tous partis dans différentes autres missions au quatre coin du pays. Alors autant se rendre utile.

C'est ainsi que Tokuko s'était vite retrouvée au centre de la ville de Milkaun, où elle avait sérieusement commencé à assurer le spectacle grâce à un mélange efficace et merveilleux de musique et de magie. Elle utilisait différents instruments, qu'elle utilisait en fonction de l'inspiration du moment, confiant parfois à son fidèle petit compagnon dans le cadre de duo amusants. Elle émerveillait les enfants et les parents en faisant apparaître des notes et parfois de véritables partitions colorées dans les airs, et, parfois, avait l'occasion de revivifier des fleurs qu'on lui apportait, voire même réparait un menu jouet qu'un enfant avait accidentellement cassé en jouant non-loin d'elle.

Bref, Tokuko passait la journée à attirer du monde jusqu'à la terrasse du salon de thé, puis jouait pour les gens présents, les remerciait et reprenait à zéro son petit manège. Il allait sans dire que le patron était ravi de faire connaître ses spécialités à autant de clients grâce à elle.

Au moment où Kress était attablée, Tokuko était justement en train de revenir avec un groupe de personne assez impressionnant - qui allaient pouvoir remplir la térasse d'un seul tenant. Une fois arrivée sur place, Tokuko se mit à passer de table en table, grandement applaudit par les clients ravis, jusqu'à ce qu'elle arriva, justement, à la table de Kress. Voyant le joli petit merle en train de picorer sur la table, Tokuko s'adresse à Kress, ravie.

"Oh, qu'il est joli! Est-ce votre compagnon, monsieur? Vous permettez que je lui adresse quelques mots?"

Tokuko avait adressé à Kress un joli sourire pour sa demande, tandis que ses yeux tendre observait l'homme qui lui paraissait bien songeur sur le coup.

Bon sang, je crois avoir partagé une pensée commune avec ma nouvelle rencontre : le merle. Cet endroit est plus bruyant que jamais…Pour un salon de thé, c’est un comble. On devrait pouvoir y être détendu et au calme ! Et pourtant, j’ai l’impression que mes tympans sont harcelés par les discussions de ces nouveaux voisins de tablées à cause de la chose qui a rameuté cet attroupement.
L’expression fermé, et peu encline à la sympathie, je buvais une nouvelle gorgée quand une chose non-identifiée se posa à ma table pour…s’extasier ? Devant le merle.
J’ai haussé un sourcil, relativement critique à ses mots. Buvant une nouvelle gorgée, le merle vint se frotter à ma joue pour me remercier, avant de repartir. Alors, je répondis :

« Ce merle n’était qu’un merle parmi tant d’autres. Je ne faisais que lui prêter oreille et aliments. »

Mon ton était relativement sec et coupant. Les gens hurlaient autour, et j’avais toujours la carte grande ouverte devant moi…comme une harceleuse qui m’empêchait de savoir où me rendre. Mes yeux se posèrent sur les noms de rues et ruelles, et je ne pus retenir un soupir en refermant la carte dépliante…

« Par hasard, auriez-vous vu un homme grand, les cheveux blancs-argentés, la peau mate, les yeux rouges et avec un tatouage tribal au niveau de l’œil gauche ? »

Ben quoi ? Avec un peu de chance, dans son étrange quête de faire connaître la boutique où elle semble travailler, cette horreur sonore a vu Zaïn. Cela m’arrangerait, car quoiqu’il arrive, je ne sais vraiment pas me repérer sur cette carte. Si je tenais Ayaël et sa manie de me laisser en plan !
Enfin…je tendis la carte à la fille, elle devait être serveuse ici après tout…et je but une nouvelle gorgée après avoir dit :

« Vous pourrez rendre ceci à vos patrons. »

Des remerciements ? De la « chaleur » dans le ton ? Mais de quoi donc tentez-vous de me parler. Mon ton restait le même, indifférent…et puis, elle a de la chance. Si je n’avais pas été perdu, et ne cherchais ni mon chemin, ni Zaïn, elle n’aurait pas eu plus de mots que l’affaire du merle : et encore.
Bon sang…J’aimerai retrouver la noirceur de Raklun pour la peine. L’ambiance y est bien plus acceptable que toutes ses effusions d’humanité alarmante.

Le minimum que l'on pouvait en dire, c'était que l'homme à qui elle venait de s'adresser n'était guère accueillant. On pouvait même dire, pour ainsi dire, que la situation semblait le déranger - le tourmenter, peut-être.

En fait, le cas de cet homme intriguait beaucoup Tokuko. Pour elle, on ne pouvait pas être foncièrement mauvais ou méchant, ce qui impliquait donc son interlocuteur du moment. Sans doute était-il de mauvaise humeur, peut-être à cause de l'homme qu'il cherchait, par exemple. Aussi, sans nulle doute serait-il heureux de le retrouver.

Aussi, tout en prenant la carte qu'il lui tendait, elle lui répondit d'un ton songeur.

"Un grand homme avec des cheveux blancs-argentés, de peau mâte, aux yeux rouges et au tatouage tribal au niveau de son oeil gauche? Ah non, ça ne me dit rien, monsieur."

C'est alors que spontanément, elle se remit à lui sourire. Elle était bien décidé à lui venir en aide, et elle allait s'y prendre tout de suite.

"Ah mais je sais comment on va faire! Attendez j'ai une idée!"

Montant alors sur l'autre chaise en face de celle de Kress, Tokuko attira l'attention de tout le monde sur la place à force de grands gestes, avant de prendre la parole.

"Mesdames et Messieurs! S'il-vous-plaît! Vous n'auriez pas vu l'ami de ce monsieur, par hasard? UN grand homme, aux cheveux blancs et argentés, de peau mâte, aux yeux rouges et avec un tatouage tribal sur l'oeil gauche! Est-ce que cela dit quelque chose à quelqu'un? C'est très important!"

Après tout, ce n'était pas parce que elle, elle ne l'avait pas vu, que c'était forcément le cas de tout le monde. Avec un peu de chance, ils auraient alors une idée de la direction à suivre - car elle comptait bien l'aider à le retrouver, son fameux copain.

Je retiens un rictus d’énervement, alors qu’elle répétait bêtement mes propos. Était-elle sourde, en plus de chanter d’une façon aussi horrible ? Je préfère de loin la musique sans voix, ou alors, celle de langues anciennes, avec des chœurs. Mais la voix d’une gamine faisant son idole du dimanche, je crains de ne craindre la poussé d’urticaire.
Le comble ? Elle affirma ne rien savoir ! Alors, pourquoi diable avait-elle réellement eut besoin de faire son simulacre de doppelganger ?!

« Je vois…permettez. »

Dis-je alors, me relevant, prés à quitter les lieux.

Mais voilà, je crois que je n’avais pas prévu la caractéristique principale de cette chose humanoïde identifiée désormais sous le terme « gentille petite gamine niaise et trop gentille pour être naturellement douée d’un instinct de survie » !
Son sourire me fit froncer les sourcils, alors que je l’entendis soudainement me faire part de choses fondamentalement propice à faire croître mes envies naturelles de sang et de torture, afin de calmer mon incompréhension globale de son comportement : trop humain à mon goût !

« Pardon ? »

Je n’eus pas le temps de dire plus, que déjà, elle attirait l’attention de la masse sur elle. Parfait ! En agissant ainsi, je suis certain de rester d’une grande discrétion ! Ma tête est encore peu connue, certes, mais suffit d’un clampin me connaissant pour que je sois dans une merde noire profonde, perdu, avec un Ayaël en vadrouille qui m’a laissé en plan ! Super début de journée…et je crois avoir fermé les yeux et me frotter ces-derniers avec l’index et le pouce de ma main droite.
Retenant le soupir, entendant la masse poser la question et tout…je fendis cette dernière pour rejoindre le patron, payer ma commission, et en le fusillant du regard : lui dire.

« Apprenez à tenir vos employés à l’avenir. »

Mon ton était froid, glacial, et mon regard promesse de tortures inqualifiables à un jeune publique. Je pris alors le chemin de la rue, ignorant les racontars. Néanmoins, je sentais que cette chose voulant ressembler à une de mes précieuses friandises, mais étant en fait un poison nécrosé, n’allait pas en rester là !
Ayant l’impression d’être suivit, je me stoppais et me retournais. Etait-ce cette gamine, ou une personne m’ayant reconnu et souhaitant me faire payer je ne sais quelle « mort » ou quel « crime » ?

Effectivement, l'homme sombre ne s'était guère trompé: il s'agissait bien de Tokuko qui le suivait désormais, sans chercher, à priori, à se montrer discrète.

Et après tout, pourquoi essayerait-elle de se montrer discrète? Tokuko n'avait rien à se reprocher - bien au contraire, elle essayait de l'aider au mieux. En fait, elle s'en voulait de l'avoir visiblement mis dans l'embarras - peut-être ne voulait-il pas se faire remarquer, peut-être était-il un très grand timide - aussi voulait-elle réussir à lui retirer cette épine du pied. Surtout qu'au final, son aimable clientèle lui avait donné quelques indications sur les lieux potentiels où ils ont, à priori, repéré un homme similaire à la description que cet homme recherchait.

Se frayant un passage entre les personnes, s'excusant de ci, de là pour les bousculades, elle finit par arriver à le voir à nouveau dans son champs de vision et commença à l'interpeller.

"Monsieur! Monsieur! Ne partez pas! Attendez!"

Arrivée à sa hauteur, Tokuko prit, tout de même, quelques secondes pour reprendre son souffle, avant d'offrir un sourire contrit - mais terriblement mignon! - au sombre homme.

"Excusez-moi si je vous ai fais peur, ce n'était pas volontaire... Mais bon, la bonne nouvelle c'est que quelqu'un m'a dit qu'il semblerait l'avoir vu! Il paraîtrait qu'il rôderait dans le coin de la place du grand arbre, dans le marché. Peut-être cherche-t-il quelque chose?"

Manifestement Tokuko s'attendait à ce que l'homme la remercie, ou quelque chose de ce genre. A vrai dire, Tokuko, qui avait une imagination débordante, se disait même que si ça se trouve, l'homme allait d'un coup se révéler être un prince d'un royaume lointain qui essayait de ne pas se faire repérer, et que cela allait prendre des allures terriblement romantiques quand il lui aurait révélé tout cela. Peut-être était-ce le début d'une toute nouvelle aventure passionnante, où elle jouerait un des tout premiers rôles, et que leur histoire serait conté pendant des millénaires dans toutes les tavernes du monde. Mais peut-être que Tokuko avait une sérieuse tendance à voir les choses d'une manière trop... Originale.

Oh que j’aurais aimé avoir tord ! Présentement, j’aurai préféré faire face à une horde d’hommes et de femmes désirant me voir rejoindre les charognes que je laisse parfois derrière moi. Le corps raide, et un soupir énervé quittant ma gorge, je me suis retourné vers la chose. En temps normal, j’aurais poursuivit ma route où j’aurais laissé Zaïn se charger de cette mouflette…Mais là, elle a la foule entière qui la regarde avec cette lueur poisseuse de « tendresse ». Je ne peux pas me permettre un esclandre en publique…elle a intérêt, pour son propre bien, à rester en contact avec d’autres que moi. Car si cela continue, ma patience redeviendra le mirage qu’elle a toujours été.

Je l’écoute débiter, à une allure effrayante, ses mots. Mine de rien, leur contenu me fait froncer les sourcils. Ayaël, prés de l’arbre ? Pourquoi serait-il resté prés de l’endroit où je voulais me rendre ? A moins que…Zaïn aurait repris le contrôle ?
Non, si c’était le cas, il se baladerait sous sa forme d’husky et userait de son flair pour me pister. Quoique…Il faille qu’il est un soudain éclair de génie et de lucidité pour ce faire. Néanmoins, il est mon fidèle animal, et son flair a très bien enregistré mon odeur. Même au milieu d’une montagne de cadavres, il saurait me trouver. Il est mien…Je suis son Maître.

« Je dirais plus qu’il me cherche moi et non une quelconque chose. A présent que j’ai une piste, veuillez m’excuser. »

Mon ton rude, je me détournais d’elle dans le but évident de poursuivre mon chemin. Mais là, je me retrouvais à une intersection. Me stoppant, je regardais la droite et la gauche, et le chemin en face. Bon sang, ce chemin était sur cette fichue carte ?
Fermant les yeux, clairement dérangé à l’idée de faire la seule chose intelligente que je pouvais faire, je me retournais pour lâcher à l’abrutie d’humaine mielleuse qui semble particulièrement tentée de « m’aider ». Soit, si elle veut me servir, qu’elle me serve de façon utile cette humanoïde surexcitée !

« Quel est le chemin pour se rendre à l’Arbre, je vous prie ? »

Alors que je disais cela, retourné vers elle, je remarquais deux hommes approchant avec des intentions qui me firent baisser la tête une seconde, afin de camoufler à ces-derniers le sourire étrangement ravi et teinté de sadisme qui était sur mes lèvres.
Je ne peux me permettre de combattre cette chose là, cette fillette…mais si on m’attaque, personne ne dira rien à ce que je me défende.

Me rapprochant de celle qui me servirait de couverture dans le cas où les deux idiots daigneraient enfin nous, non, m’attaquer…Je glissais mon bras à ses épaules, et lui fit un léger sourire : faux mais j’ai un don pour la bonne comédie. Métier de dupe oblige !

« Je ne connais pas réellement les lieux, peut-être pourriez-vous m’aider ? Je suis quelque peu gênée par tant de monde…les grands axes peuvent-ils être évité ? »

Qu’on évite la foule, que ces hommes attaquent ! Je veux pouvoir lâcher ma frustration de jouer aux faux-semblants…et d’avoir été planté par ce fils de catin d’Ayaël !

Plus le temps passait en la compagnie de cet homme, plus Tokuko était persuadée qu'il lui cachait quelque chose. Après tout, pourquoi parlait-il de façon aussi mystérieuse? Que pouvait bien vouloir dire cette idée - mystérieuse - qu'ils se cherchaient mutuellement, son ami et lui? Pourquoi, sous des paroles de politesse, se montrait-il aussi tendu? A coup sûr, quelque chose avait dû les séparer par la force - ou quelque chose de ce genre. Et il était peut-être vital qu'ils arrivent à se retrouver à temps, pour une raison ou une autre. Aussi, quand l'homme mystérieux lui demanda d'abord de lui indiquer la bonne direction, puis, finalement, de l'y conduire de la manière la plus discrète possible, Tokuko se mit en tête de protéger son nouvel ami au travers de la ville jusqu'à son compagnon - au moins jusque là, en tout cas. Il sera alors toujours temps d'aviser pour la suite. Bien entendu, bien qu'elle ne savait pas le moins du monde de quoi il en retournait, Tokuko n'était pas non plus née de la dernière pluie: l'idée de vouloir traverser la ville par des chemins de traverse était manifestement une tentative pour essayer de se faire discret. Peut-être était-il trop reconnaissable dans une foule, ou peut-être même avait-il peur de se faire poignarder au détour d'une rue - quoi qu'il en soit, il était clair, aux yeux de Tokuko, qu'un danger courait dans la zone. Aussi commença-t-elle a être plus vigilante.

"Par les chemins de traverse? Bien, comme vous le voudrez, monsieur. Ca ne devrait pas être trop compliqué. Par ici!"

Et, tout en indiquant le chemin à suivre à la personne qu'elle escortait, Tokuko épiait désormais les mouvements de foule - juste au cas où. Et, grâce à cette vigilance - ou peut-être était-ce simplement parce que leurs poursuivants n'étaient pas assez discrets? - Tokuko s'aperçut bientôt que manifestement, ils étaient suivis. Peut-être étaient-ils désormais les proies d'une faction rebelle, d'assassins, ou peut-être même d'une guilde noire? Allez savoir! Il y avait tellement de choses étranges dans ce monde que cela ne l'étonnerait même plus. Quoi qu'il en soit, il fallait désormais garder son sang-froid - et se tenir prêt à tout, juste au cas où. C'est pourquoi, tout en continuant à marcher aux côtés de son désormais protégé, elle lui murmura quelques mots pour lui expliquer la situation.

"Je crois que nous sommes suivis, monsieur. Mais n'ayez pas peur, je n'aurai sans doute aucun mal à trouver le moyen de les arrêter, quels qu'ils soient."

Et, tout en finissant sa phrase, Tokuko plongea machinalement sa main dans les airs devant elle, faisant apparaître un petit cercle magique autour de sa main, qui fit apparaître, en se dissipant, une sorte de long tube en bambou, percé de quelques trous - une flûte hindou, manifestement de bonne qualité, à première vue.

Je ne sais pas quelles idées cette mouflette s’est mises en tête, mais bon, je vais me considérer comme chanceux qu’elle semble prêtes à me « guider », avec tant de…vigilance ? Je crois que je vais m’abstenir de chercher à comprendre la pensée de cet humanoïde. Non car, je crains les mauvaises surprises là. Je la suivais, le pas leste. Honnêtement, je n’étais pas emballé du tout de me faire guider par une jeune fille pas encore adulte. Mais pas le moins du monde ! Pourtant, je préférais garder un masque de neutralité sur mon faciès.
Enfin, alors que nous avancions : je jubilais. Les gugus suivaient le mouvement. C’est ça, approcher d’avantage…venait donc « nous » rejoindre dans les parties les plus cachées de la ville. Permettez que je m’occupe de vous, lentement. Vous fasse fondre avec une volupté certaine, et suffisante, pour me débarrasser de la nunuche que ma malchance m’a collé. En tout cas, je ne pus qu’avouer qu’elle était « efficace », car elle put remarquer que nous étions suivit. Bon, au mot « peur », je n’ai put retenir un de mes sourcils de se lever…on ne commentera pas !

« Cela fait depuis le petit café que nous sommes suivis jeune fille…et je suis largement habitué à leur faire face. »

Autant rester et la jouer calme et habitué. C’est la stricte vérité après tout. M’étirant les bras tout en marchand, je fis craquer mes cervicales. Elle ? Elle fit un mouvement de la main qui me força à retenir un soupir. Non : encore de la musique ? Sa magie est musicale ? Mes tympans…ma chance m’aurait-elle abandonné ?!
Enfin, nous arrivions dans une ruelle, personne autour. Et avant que nous puissions dire quoique se soit, l’un d’eux apparu devant nous. Bon et bien, un adepte de la téléportation…Soit, trois idiots. Deux derrières et un devant.

« Que pouvons-nous faire pour vous messieurs ?
- Tu vas mourir ici et maintenant Darkness ! »

Ils manquent sérieusement de raffinement et de sens du drame je trouve. Car, à peine celui-là vint-il à dire ça que déjà…il me fonçait dessus. Chouette, j’allais pouvoir évacuer mon énervement ! Quoique…pour commencer, analysons. Aussi, me contentais-je d’un pas de côté pour éviter une attaque porter avec une lame sortie de je ne sais trop où. Son pouvoir, probablement…Et si ?

« Vous n’aviez pas une solution jeune fille ? »

Oh oui, laissons les « gentils » se taper dessus. Et selon qui survit, je verrai à finir le ménage. Bon plan…et puis, je suis un peu las des répliques et réactions typiques de la personne bafouée dans son honneur, ayant perdu quelque chose à cause de moi ou de ma guilde. Ils sont lourds à force.

Au début, Tokuko fût surprise de sa perspicacité. Ainsi, il les avait repéré depuis longtemps? En même temps, tout semblait concorder: le besoin de se montrer discret, le fait de rechercher quelqu'un qui le recherchait sans doute également... Tout coulait de source! Forcément, il devait être traqué par un groupe de malfaiteur quelconque, peut-être des assassins - et Tokuko, de fait, se retrouvait en charge de s'occuper de lui et de le protéger. En tout cas, son protégé semblait largement confiant - visiblement il devait savoir à qui il avait affaire, et, visiblement, il devait aussi savoir s'en sortir. Ce qui n'était pas forcément plus mal - il lui apporterait du soutien si l'ennemi se montrait trop redoutable.

Rapidement, les évènements se bousculèrent. Un de leurs agresseurs se téléporta devant eux, leur faisant barrage, tandis qu'un second était soudainement passé à l'attaque. Heureusement, son protégé au regard ténébreux l'évita avec grâce - comme s'il s'y attendait - et lui demanda alors de trouver une solution. Les choses étaient vraiment devenus rapide, et Tokuko allait devoir agir vite. Aussi se mit-elle à jouer un air rapide et intense de son instrument, qui se mit à produire des notes rondes et rose, qui les entourèrent rapidement - formant manifestement tout autour d'eux une sorte de bulle. Bulle qui se révéla très efficace sous les coups de dagues, car celle-ci ne sembla que glisser sur la surface visiblement très solide de cette forme de bouclier.

La musique de Tokuko passa alors d'un air plutôt répétitif à un air beaucoup plus complexe, tandis que le rose des bulles sembla se transformer en une sorte de rose-orangé. Les bulles commencèrent alors doucement à décoller du sol - manifestement celles-ci semblaient avoir acquis un pouvoir de lévitation.

Tout cela avait tout de même pris un certain temps, certes, mais cela semblait plutôt efficace - du moins tant que Tokuko semblait se concentrer à jouer de son instrument. Quoi qu'il en soit, le but était atteint: ils étaient désormais bien plus difficile à atteindre pour leurs agresseurs, et ils avaient de grandes chances de réussir à sortir de ce guet-apens indemne - sans même avoir eu à combattre. Son protégé avait de quoi être satisfait.

J’avais envie qu’ils usent de leur magie respective pour s’entretuer à petit à feu, et m’offrir un spectacle digne de ce nom. Mais, à la place, j’eus le droit à un air de musique. Soupirant, j’ai crut que j’allais sérieusement la tuer ici et maintenant. Lorsque, soudain, ses notes se matérialisèrent pour former une bulle protectrice nous englobant tous les deux. Mon sourcil droit se leva à cette vue…bon, la mélodie on repassera : ce n’est pas mon style. Mais le pouvoir en lui-même est sympathique pour de la protection. N’allait pas croire que je ne sais pas reconnaître une magie originale quand j’en vois une vous aussi ! Pas parce que tout chez cette gamine me donne envie de l’éviscérer, que je ne reconnaîtrais pas « l’utilité » de sa magie. J’y pense, sa musique serait un parfait instrument de torture pour punir les membres de ma guilde qui essaient de me tuer pour me prendre ma place. A réfléchir…
Soudain, nous avons commencez à léviter dans ces…bulles. Bon ben, j’en profitais pour m’étirer, tout en lui demandant :

« Vous avez une action offensive de prévu ? Car eux, oui. »

Et j’avais raison…L’un d’eux était en train de concentrer sa magie. Une sphère concentrée, qui se transforma en une lame d’énergie pure. Bon, avec ça, il va un peu me l’ébranler ce bouclier : non ?
L’autre ? Il enrageait…et, c’est étrange mais, il semblait envoyer des flèches magiques sur la paroi du bouclier pour le faire céder : visant la gamine ! Oh…Ces deux-là pensent que cette chose pré-pubère est de ma guilde donc ? Amusant…vraiment amusant…
Néanmoins, tout ça commence à trop durer. Je sens poindre l’ennuie. Aussi, ne connaissait pas les limites et possibilités de cette magie, je tends la main pour voir si je peux le traverser moi…Ce « boubou ».

L’assaut de flèches magiques se faisait plus violent, et l’autre commençait à attaquer avec sa lame d’énergie pure aussi. En ayant assez, je quittais cette protection en forçant s’il le fallait…face à l’homme et son épée d’énergie, il me fonça dessus. Toute trace de sourire avait disparu de mon visage, ne restait qu’un regard sombre, et une envie de sang : de violence.
Depuis quand les moutons s’en prennent-ils au loup ?! Esquivant, je posais mes paumes de main sur ses poignets. Lentement, ses cris emplirent la ruelle…alors que ses poignets étaient dévorés par mon pouvoir corrodant. Je le relâchais, ses poignets en sang…et à moitié dévoré. Je ne jouais plus, comme l’attester mon attitude.
Me retournant sur celui à la magie lui permettant de faire des flèches de magie, je vins à lui dire :

« Êtes-vous capable de me distraire ? »

Pour le coup, je n’ai pas porté attention à la musicienne. J’ignore ce que sera sa réaction aux poignets de l’autre, à ce sang qui déjà colle mes doigts. A l’attitude prostrée de cet inconnu avide de vengeance…et à mon attitude. Là, je m’ennui…et je suis quelque peu embêter de ne toujours pas avoir retrouvé mon Zaïn !

Si son protégé du moment, visiblement, s'inquiétait de leurs chances de s'en sortir, cela ne semblait pas le moins du monde perturber Tokuko, qui continuait à jouer de son air. Et, de fait, non seulement les flèches ne les atteignaient pas - s'éparpillant au contact de la surface de la bulle en une myriade de couleurs arc-en-ciel - mais en plus celles-ci semblaient, bien au contraire, épaissir encore plus la taille de la paroi. De même, le seul et unique coup de leur agresseur à lame donna l'impression qu'il tapait dans une sorte de guimauve aux mille et une couleur, ralentissant son attaque au point de la stopper complètement avec à peine plus d'un centimètre de déformation de la bulle - qui, d'ailleurs, repris sa forme immédiatement une fois l'attaque stoppée. Non, visiblement, ils n'avaient rien à craindre de leurs ennemis dans cette bulle, et Tokuko semblait très sûre d'elle. Néanmoins, effectivement, cela n'affectait guère leurs assaillants, qui étaient encore parfaitement libre de leurs mouvements. Du moins, jusqu'à ce que son "protégé" décide de quitter la bulle protectrice.

Car si il était pour ainsi dire impossible d'atteindre de l'extérieur les personnes enfermées dans la bulle, il était tout à fait possible, en s'éloignant tout simplement de Tokuko qui servait de centre à la bulle, de la quitter. Aussi Kress n'eut aucun mal à sortir de la zone de protection pour atteindre son premier assaillant.

L'assaut de Kress, aussi rapide que redoutable, pris Tokuko au dépourvu - ce qui l'empêcha de faire quoi que ce soit, à part de constater les dégâts. Elle fût prise d'un frisson d'horreur en voyant le résultat - et, de fait, commença à modifier sa musique. De fait, la bulle qui l'entourait commença à s'affaiblir, tandis qu'un début d'arc-en-ciel de couleur semblait commencer à se mouvoir doucement autour des pieds des trois autres combattants - un mouvement que Kress avait déjà eu l'occasion de voir quelques instants plus tôt, juste avant qu'ils se retrouvent tous deux entourés d'une bulle. Il n'était pas difficile de deviner le résultat de sa petite mélodie, dès qu'elle aura suffisamment pris de l'ampleur. [/i]

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